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Protéger le patrimoine génétique végétal contre le changement climatique

 Le changement climatique menace le patrimoine génétique végétal du pays, ce qui risque d’accentuer davantage sa dépendance aux importations de graines de semences, a alerté un chercheur de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), préconisant des mesures urgentes pour préserver ce patrimoine.

« Des mesures  devraient être déployées en urgence pour préserver les espèces locales et la diversité génétique contre les impacts des changements climatiques », a recommandé le Dr Chebouti Abderrezak, dans un entretien à l’APS.

Estimant que la sécurité alimentaire du pays passe systématiquement par la préservation de son patrimoine  génétique végétal, M. Chebouti a souligné que la détention d’une variabilité génétique élevée, conservée de manière fiable permettrait de répondre rapidement à la croissance des besoins du secteur agricole.

« A partir de nos graines locales, nous pouvons développer de nouvelles variétés à haut rendement, de haute valeur nutritionnelle et résistantes au stress hydrique, ce qui nous permettra de se passer des importations des graines », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, cet expert agronome a mis en garde contre l’utilisation des variétés améliorées importées, au détriment des ressources génétiques locales, pour motif  d’augmenter les rendements.

Selon lui, cette solution « facile », adaptée par des agriculteurs pour faire face à la demande croissante des populations, n’est pas sans risque.

Ces changements, parfois radicaux dans les pratiques agricoles des autochtones, a-t-il averti, auront pour conséquence « la disparition progressive de nos variétés de graines, pourtant mieux adaptées aux conditions climatiques locales ».

Estimant que la préservation des variétés locales des cultures stratégiques constitue le gage d’une sécurité alimentaire durable du pays, l’expert recommande notamment de conserver « en priorités » des variétés  locales des cultures stratégiques telles les graines de céréales, les légumineuses alimentaires et les fourrages.

« Le choix de ces cultures est justifié par leur place stratégique dans l’économie nationale « , a-t-il argué.

Il a rappelé, à ce titre, que la filière céréalière connaît une dépendance accrue aux importations avec plus de six millions de tonnes de produits céréaliers annuellement, d’où la nécessité, selon lui, de conserver les semences de blé locales et de les développer pour avoir un meilleur rendement à l’hectare.

Il en est de même pour les  graines des légumineuses. « La demande des légumes secs, qui ont toujours fait partie de nos aliments de base, ne cesse d’augmenter », a-t-il fait constater en précisant que l’Algérie importe annuellement 2 millions de quintaux de légumes sec pour 250 millions de dollars.

Quant aux fourrages, il a assuré que l’amélioration de la production fourragère, à travers la conservation et le développement des semences locales, est nécessaire  pour  faire accroître la production nationale en lait et en viandes rouges et de limiter ainsi les importations surtout en ce qui concerne la poudre de lait.

L’importance de créer une « banque des graines »

Interrogé sur le projet relatif à la mise en place d’une « banque des graines locales », qui peine à voir le jour, Dr Chebouti a répondu que la structure existe toujours au niveau de la station expérimentale agricole de  Baraki (Alger) mais le projet est toujours à l’arrêt pour des raisons financières.

« Le montant financier initial du projet est en cours de réévaluation du fait de la dévaluation du dinars », a-t-il expliqué, en soulignant l’urgence d’un tel édifice pour le secteur agricole.

« La finalisation de ce projet permettra à l’Algérie de préserver et d’enrichir son patrimoine génétique végétal en assurant le stockage de petites quantités de semences récoltées auprès des agriculteurs des différentes régions du pays « , a-t-il fait valoir.

D’après l’Union nationale des agronomes (UNA), l’Algérie compte plus de 2.000 sortes de graines de différentes filières datant de plusieurs milliers d’années.

Malgré cette richesse variée, le pays importe l’essentiel des semences de l’étranger.

Le président de l’UNA, Mounir Oubiri, avait récemment appelé à inverser cette tendance en associant les centres de recherche et les acteurs du monde agricole dans la promotion et le développement des graines locales.

A ce titre, il avait fait part d’un projet  avec la Chambre nationale de l’agriculture, portant sur le recensement du patrimoine génétique (semences de céréales, semences de culture maraichères, plants ) auprès des agriculteurs à travers tout le pays.

« Cette démarche devrait nous permettre de réaliser des expériences sur le terrain dans les zones potentiellement propices pour produire davantage les semences locales sur des parcelles déterminées  dans le cadre de l’agriculture expérimentale et de sauvegarder ainsi cette richesse de manière durable », avait-il assuré.

APS

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