L’Algérie doit instaurer « en urgence » un modèle énergétique sobre et durable, permettant une optimisation accrue de la consommation interne et une intégration importante des énergies renouvelables, a indiqué le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’Efficacité énergétique (CEREFE) dans un nouveau rapport.
« A la lumière de la première évaluation qui montre que notre pays a épuisé entre 2010 et 2019, un peu plus que 230 milliards de mètres cubes de gaz naturel (consommation directe et sous forme d’électricité), 148 millions TEP de produits pétroliers (essence et gasoil) et 20 millions tonnes de GPL, avec une croissance moyenne annuelle de 5%, il devient plus qu’urgent de tout mettre en œuvre afin d’instaurer un modèle énergétique durable et sobre en ressources », souligne le CEREFE dans son rapport consacré à l’évolution de la consommation énergétique nationale au cours des dix dernières années.
L’analyse du Commissariat fait ressortir que le secteur du transport a mobilisé à lui seul 142 millions TEP entre 2010 et 2019, soit une facture énergétique supérieure à celle globalement allouée à la production d’électricité (116 millions TEP).
Plus encore, le rapport indique qu’en faisant un recoupement entre les statistiques de consommation faites par secteur (142 millions TEP pour le transport) et par produit (148 millions TEP pour les produits liquides), on peut comprendre qu’il est essentiellement question de transport routier qui utilise exclusivement les combustibles liquides (essence, gasoil).
Partant de ce constat, le Commissariat souligne que plusieurs voies s’offrent à l’Algérie afin de réorganiser de manière rationnelle le monde du transport et l’adapter aux exigences d’une efficacité énergétique devenue incontournable pour de multiples raisons dont la sécurité de l’approvisionnement et la protection de l’environnement.
S’agissant du secteur industriel et BTP qui ne représente que 22% de la consommation énergétique totale au cours des dix dernières années (90 millions TEP), le Commissariat relève que celui-ci peut contribuer à une économie substantielle quant à sa demande énergétique, en l’encourageant à devenir lui-même auto-producteur à travers le déploiement de ses propres moyens de production à base de ressources renouvelables.
Le Commissariat ajoute que sur un autre plan et selon les procédés industriels, « toutes les possibilités permettant la cogénération devraient être saisies, afin d’en tirer profit de manière directe (recyclage de l’énergie récupérée dans le process lui-même) ou indirecte (chauffage des locaux ou de l’eau sanitaire) ».
S’ajoutent à cela, les déchets et les boues (issues des eaux usées, de l’extraction de pétrole…) qui peuvent être exploités comme combustibles dans les processus industriels, selon le même rapport citant l’exemple des cimenteries.
Enfin, il estime que des « audits énergétiques doivent être multipliés avec un suivi rigoureux de l’application des recommandations auxquelles ils aboutiront ».
Le CEREFE a, par ailleurs, rappelé qu’il avait formulé plusieurs recommandations dans son premier rapport annuel, en relation avec l’efficacité énergétiques et le déploiement des énergies renouvelables.