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Le soleil, Desertec et le paradoxe algérien

Alors que la transition vers les énergies renouvelables se poursuit à un rythme soutenu à travers le monde entier, l’Algérie s’embourbe dans un paradoxe entre le discours officiel et la réalité sur fond de volte-face.

Au moment où les réalisations entrant dans le cadre du fameux plan dédié aux énergies renouvelables sont insignifiantes, le pays tourne une nouvelle fois le dos à l’initiative Desertec, qui ne vise pourtant qu’à produire des énergies propres pour les consommer localement et les exporter. Ce qui permettra un précieux apport en ressources financières, susceptibles de se substituer à la rente pétrolière.

Après les récentes déclarations du ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, affirmant que le projet Desertec était «dépassé» et qu’il faudrait «l’oublier», car «il nécessite de lourds investissements», Desertec maintient ses espoirs en Algérie. Dans un récent entretien accordé au site internet du Centre algérien de diplomatie économique, le président de Desertec Industrial Initiative (DII), Paul Van Son, s’est dit «convaincu que la nouvelle version Desertec 3.0 serait profitable pour tout le monde», appelant le gouvernement algérien à «maintenir un dialogue ouvert afin de saisir cette chance».

En 2011, Sonelgaz et Dii avaient paraphé un accord de coopération et une étude de faisabilité a même été menée portant sur un projet de référence. Par la suite, les autorités algériennes ont fait marche arrière. Neuf ans plus tard, ces dernières hésitent de nouveau à consentir des investissements dans les grandes installations d’énergie renouvelable et affirment «préférer plutôt investir dans les milliers de petites installations photovoltaïques».

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Ce changement de cap intervient quatre mois après la signature d’un accord préliminaire avec Desertec pour la relance de ce projet. Des concertations avaient même été entamées entre l’Algérie et Desertec pour le lancement des projets de centrales solaires. Cette nouvelle rétractation est incompréhensive, quand on sait que le courant solaire est maintenant compétitif par rapport à celui produit par des carburants fossiles. Dans son dernier rapport publié en mai 2020, l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena) a confirmé la baisse des coûts liés aux énergies renouvelables et notamment à l’énergie solaire.

Le coût moyen pondéré global de l’électricité produite à partir de l’énergie solaire à concentration a diminué de 26%. Plus important encore, les projets d’énergie renouvelable n’auront pas besoin de soutien financier. La rentabilité dépend du mix énergétique global d’un pays, mais également de décisions politiques, tels que les impôts et les modèles d’incitations.

Des incitations qui existent en Algérie, puisque les projets sont finançables à hauteur de 50 à 90% par le Fonds national des énergies renouvelables et cogénération. En dépit de ces incitations, le pays accuse un sérieux retard. Le Programme algérien de développement des énergies renouvelables et d’efficacité énergétique de 2012, et actualisé en 2015, vise une puissance installée d’origine renouvelable de 22 000 MW d’ici 2030.

Mais, le pays ne compte actuellement que 24 centrales photovoltaïques d’une puissance totale ne dépassant pas 344 MW. Ces réalisations insignifiantes illustrent ainsi le grand paradoxe de la politique énergétique algérienne.

El Watan

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