L’adaptation des villes dans leur gestion de la ressource hydrique face aux effets du changement climatique est nécessaire, ont indiqué jeudi à Alger plusieurs experts nationaux et internationaux.
A l’occasion de la Journée d’études intitulée « L’eau dans la ville, les nouveaux défis du service public », les experts nationaux et internationaux ont souligné l’intérêt de mettre en œuvre de nouveaux mécanismes face aux effets du changement climatique, induisant la rareté de la ressource hydrique, mais aussi face à l’augmentation de la demande due à une population urbaine de plus en plus importante.
Selon l’expert auprès de l’Agence nationale des Changements climatiques (ANCC), Mahi Tabet-Aouel, le changement climatique provoque plus de conséquences au niveau du sud de la Méditerranée par rapport à sa rive Nord.
L’expert a également fait observer que l’Algérie a connu au cours du siècle dernier, une augmentation de 0,3 degrés Celcius par décennie ainsi qu’un déficit de pluie de 15% au cours du XXème siècle.
« Les impacts principaux du changement climatique se traduisent par une pénurie des ressources hydriques, la dégradation de la qualité de l’eau, l’intrusion des eaux marines au niveau des nappes aquifères et la détérioration des infrastructures causée principalement par les inondations », a expliqué M. Tabet-Aouel.
Pour faire face à ce contexte, l’intervenant a rappelé les missions de l’ANCC consistant notamment en l’implication de l’ensemble des secteurs dans la promotion de l’intégration des changements climatiques dans les plans de développement nationaux et locaux.
Pour sa part, le directeur général de la Société des Eaux et de l’Assainissement d’Alger (SEAAL), Brice Cabibel, a évoqué la pression que subissent les viles en terme de demande hydrique dans un contexte de changement climatique aux effets accrus.
Selon lui, le défi de la SEAAL consiste à augmenter l’efficacité du réseau pour limiter les pertes de ressource et optimiser l’accès à l’eau dans la ville.
« Il s’agit également de hisser le ratio de facturation qui était à 49% en 2013 s’établissant à 58% en 2019. Nous visons un ratio de 73% en 2030 », -a-t-il détaillé, indiquant que cela induit la nécessité d’investir dans les systèmes de donnée des « big data » afin d’améliorer la performance des opérations et de planifier les interventions des équipes d’entretien.
De son côté, le vice-président de la Commission internationale des grands barrages, Enriqué Cifres Gimenez, a relevé « l’existence de grandes asymétries dans la disponibilité et les besoins en eau dans la région du bassin méditerranée », ce qui nécessite une gestion intégrée de l’eau, notamment à travers des systèmes de données modernes.
« Les conséquences de l’augmentation des situations de stress hydrique pourraient être aggravées à l’avenir par le changement climatique », a-t-il affirmé.
Pour remédier à cette situation, M. Gimenez a plaidé pour l’inclusion du changement climatique « comme moteur dans les politiques, stratégies et plans nationaux » tout en s’adaptant aux risques naturels plus graves (sécheresses et inondations).
Il a également souligné l’intérêt d’améliorer la sensibilisation du public par l’éducation, le renforcement des capacités, le renforcement institutionnel et le financement d’infrastructures clés pour répondre à la demande croissante.
« Il faut aussi mettre en place de nouvelles infrastructures non conventionnelles telles que le dessalement et la réutilisation de l’eau », a-t-il estimé.
APS