Le Président de la République a annoncé la création d’un département ministériel dédié aux start-up et à la micro-entreprise
L’année 2019 a été empreinte de faits majeurs, notamment sur le plan économique. Nous retenons que les actes qui auront marqué cette période caractérisée par des événements décisifs pour le devenir du pays ont trait aux décisions majeures prises par les autorités pour faire face à la situation difficile que traverse l’Algérie, dans son aspect financier, en particulier.
Des actions à répertorier dans l’agenda de 2019 tant elles sont portées par des objectifs de réformes stratégiques et de redressement visant l’assainissement du climat économique général. La consolidation des dispositifs de lutte contre la corruption, l’amélioration de l’environnement des affaires, la réforme de la gouvernance des banques publiques, la refonte du système fiscal, l’amendement de la loi sur les hydrocarbures, ou encore la réactivation de hauts conseils, sont à inscrire parmi les chantiers ouverts, en 2019, dans le cadre de la démarche globale de l’Etat portant consolidation et modernisation des instruments d’accompagnement, de conception et d’élaboration des politiques économiques. Un vaste programme de réformes multisectorielles engagé dans la perspective de la transition de l’économie nationale, dont la croissance reste tirée par la dépense publique, vers un modèle de croissance diversifié et durable.
L’année qui vient de s’achever a été ainsi marquée par le renoncement des pouvoirs publics au financement non conventionnel ou la planche à billets, engagé fin 2017. Un mécanisme de financement argumenté comme étant une « réponse urgente » aux rétrécissements des liquidités bancaires, conséquemment à la chute des cours du pétrole à partir de juin 2014, mais qui restera un instrument de financement valable jusqu’à 2022, avait indiqué le ministre des Finances, M. Mohamed Loukal.
Dans le segment financier, également, l’autre fait qui mérite d’être relevé est celui relatif à la réforme de la gouvernance des banques publiques initiée par le gouvernement. En fait, le système bancaire devra connaître une nouvelle étape dans le processus de son développement et de sa modernisation dans un contexte de mutation de l’économie du pays. Aussi, au moment où le pays fait face à des difficultés financières, « le rôle des banques dans le financement sain et durable de l’économie est plus que jamais crucial», devait préciser le ministre des Finances. M. Mohamed Loukal déclarait à ce propos que les banques étaient appelées «à améliorer leurs capacités à accompagner la création et le développement des entreprise,s notamment la PME productive» de même qu’elles devront «participer, par des financements multiformes, à la croissance de l’économie nationale et à sa diversification». Par conséquent, les banques sont invitées à «développer davantage d’agressivité en matière de collecte des ressources, notamment en direction de la masse monétaire non bancarisée, en diversifiant leur portefeuille en matière d’offre de services, notamment en ce qui concerne la finance participative qui est censée permettre d’élargir les segments de clientèle des banques. Le système fiscal est l’autre chantier ouvert par les pouvoirs publics en tant qu’ossature de l’économie nationale. Le gouvernement s’est engagé, dans ce sens, à réhabiliter, moderniser et humaniser l’administration fiscale et à mobiliser toutes les ressources matérielles et humaines pour réaliser cet objectif. L’appareil fiscal est situé en fait au cœur du processus de réforme et de développement de l’économie nationale. Dans cette perspective, le gouvernement a mis en place une feuille de route destinée à améliorer le recouvrement fiscal, à renforcer les moyens de lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, et à réhabiliter le rôle de l’impôt dans la croissance du pays.
L’année 2019 retient également l’annonce par le Président de la République de la création d’un département ministériel dédié aux start-up et à la micro-entreprise, ainsi que des incubateurs dans toutes les grandes villes du pays. M. Abdelmadjid Tebboune a fait part aussi de la création d’une banque qui sera chargée de suivre et d’accompagner les jeunes porteurs de projets. Sur un autre registre, le Président a décidé de réactiver des hauts conseils, notamment le Conseil national économique et social (CNES) et le Conseil national de l’énergie.
Deux instances hautement stratégiques censées assumer un rôle central à l’avenir dans la conduite des politiques économiques et énergétiques du pays. L’adoption de la nouvelle loi sur les hydrocarbures constitue également un évènement historique, en ce sens qu’il est censé dynamiser les investissements, notamment étrangers, dans un secteur aussi stratégique que vital pour le pays qui a fortement besoin de ressources pour réaliser son développement et soutenir sa croissance. Pour rester dans le domaine énergétique, l’année qui s’est écoulée enregistre cet intérêt des autorités pour la relance du projet « Dii Desert Energy », communément désigné par « Desertec ».
Selon le P-DG du groupe Sonelgaz, M. Chaher Boulakhras, une rencontre sera organisée avec le partenaire allemand, en début de l’année, afin d’étudier la relance de ce projet qui, faut-il le souligner, fait l’objet de certaines réserves de la part d’experts algériens. L’initiative est motivée par cette volonté de « réaliser les programmes de développement des énergies renouvelables, en vue de mieux préparer la transition énergétique et de s’affranchir progressivement, à moyen et long terme, des hydrocarbures », devait ajouter le premier responsable du groupe Sonelgaz. On ne peut clôturer la liste des grands faits de l’année 2019 sans évoquer le chapitre lié à la lutte contre la corruption, qui a mobilisé l’appareil judiciaire au cours des dix derniers mois, et révélé l’ampleur d’un phénomène qui a gangréné à tous les niveaux.
A ce titre, il y a lieu de mettre en avant les nouveaux amendements introduits dans le Code pénal, avec cette finalité qui consiste à «renforcer le système législatif de lutte contre la corruption et toutes les formes de criminalité». Un texte qui «abroge toutes les dispositions ayant eu un impact négatif sur la mise en mouvement de l’action publique et celles constituant des entraves à l’action de la police judiciaire, notamment dans les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics».
Autant de faits qui tracent la voie à une Algérie nouvelle régie par des règles et fondements nouveaux, censés rétablir la confiance entre le citoyen et son Etat.
El Moudjahid