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2024, année des énergies renouvelables et de la transition énergétique en algérie

L’année 2024 est précédée de la promesse d’un bond en avant dans la réalisation du programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Algérie. Dès janvier, le projet de 2.000 mégawatts (MW) d’énergie solaire photovoltaïque, initié par Sonelgaz, sera lancé.

Il devrait être bouclé au plus tard au premier semestre 2025, avec l’installation d’une puissance d’énergies renouvelables (EnR), au niveau national, bien plus élevée que les 589,7 MW recensés dans le bilan établi par le Commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (Cerefe) sur toute la période allant de 2011 à décembre 2022. Le projet des 2.000 MW consiste en la réalisation de 14 centrales solaires photovoltaïques – au lieu des 15 prévues initialement (un lot concernant une centrale de 80 MW ayant été annulé) – réparties sur 11 wilayas, d’une puissance unitaire variant entre 80 et 220 MW, en plus des raccordements au réseau de transport électrique. Selon le site d’informations Algérie Eco (4 novembre 2023), qui se réfère à l’avis d’attribution provisoire des marchés après l’appel d’offres national et international lancé par Sonelgaz Energies renouvelables (Sonelgaz-EnR), 9 centrales solaires seront réalisées par des entreprises chinoises et 5 par des entreprises algériennes.

Sans la clause du cahier des charges de Sonelgaz qui fixe des limites à l’octroi des marchés accordés à un même opérateur, les 2.000 mégawatts seraient entièrement allés aux entreprises chinoises largement en tête des offres à l’ouverture des plis.

La présence de la Chine

L’engagement des entreprises chinoises dans le programme des énergies renouvelables se confirme. En juillet dernier, la visite d’Etat du Président Abdelmadjid Tebboune en Chine a été couronnée par la signature de 19 accords de coopération et mémorandums d’entente dans plusieurs domaines, notamment dans celui des énergies renouvelables et de l’hydrogène. Dans un message adressé au Forum d’affaires algéro-chinois à Pékin, le Président Tebboune a cité les énergies renouvelables parmi les domaines pour lesquels l’Algérie dispose de plusieurs atouts et avantages qui font d’elle une destination d’investissement prometteuse.

Il y a moins de deux mois, une délégation de journalistes algériens a visité à Urumki, capitale de la Région autonome du Xinjiang (Ouest de la Chine), la centrale solaire photovoltaïque de Huanghe, présentée comme la plus grande au monde, située dans la province de Qinghai, d’une capacité de production annuelle de près de 5 milliards de kWh. Lancée en 2013, la centrale compte quelque 7 millions de panneaux solaires et fonctionne grâce à une solution intelligente complète fournie par le géant chinois de la technologie, Huawei, permettant surtout le stockage de l’énergie solaire générée dans des onduleurs (batteries de grande capacité) sur place avant son acheminement vers les consommateurs. A ce propos, en avril dernier, Sonelgaz et Huawei ont convenu d’organiser une journée technique entre les experts des deux firmes pour exposer les dernières solutions développées par Huawei, notamment le stockage des énergies renouvelables et les nouvelles techniques d’onduleurs, la digitalisation et les réseaux intelligents. C’était lors de la rencontre entre Mourad Adjel, Président-directeur général de Sonelgaz, et la délégation de Huawei Algérie conduite par le P-dg, Eason Yi, au siège de la direction générale de Sonelgaz.

La part des entreprises algériennes

Pour Sonelgaz, le projet de réalisation de 2000 MW constitue «une opportunité aux sociétés nationales, privées et publiques, pour être au diapason du développement dans le secteur des énergies renouvelables, tant en matière de réalisation que de fabrication des équipements ou de services». Le projet permettra «de sceller des partenariats entre les entreprises nationales et étrangères, à même de construire et de renforcer les capacités des ressources humaines et de transférer la technologie dans ce domaine à haute valeur ajoutée».

Ce défi sera relevé par les entreprises engagées dans le projet : le Groupement constitué par Cosider Canalisation et Fimer SPA (qui réaliseront deux centrales solaires, l’une de 120 MW et l’autre de 150 MW, respectivement à Kenadsa, wilaya de Béchar, et à Touggourt), le Groupement Zergoun-Ozgun Insaat (une centrale solaire de 80 MW à Guerrara, wilaya de Ghardaïa) et Eurl Hamdi (deux centrales solaires de 80 MW chacune à El Euche, wilaya de Djelfa, et Taleb Larbi, wilaya d’El Oued). La participation nationale dans ce projet d’importance capitale se situe également dans la fabrication de panneaux solaires photovoltaïques en Algérie. Les spécialistes algériens estiment que les équipements et matériaux nécessaires pour la production de panneaux photovoltaïques doivent être fabriqués en Algérie.

En mai 2021, en marge du 11e Salon international des énergies renouvelables, des énergies propres et du développement durable (ERA), à Oran, le centre de recherche en technologie des semi-conducteurs pour l’énergétique (CRTSE) a annoncé qu’il produirait des panneaux solaires. On sait que l’Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE, Sidi Bel-Abbès) dispose d’une unité de fabrication et de montage de panneaux solaires.

Fin août 2022, le P-dg d’ENIE, Abbès Makmène, a fait savoir que son entreprise se lancera dans la fabrication de composants nécessaires aux stations solaires en partenariat avec l’entreprise italienne Fimer, dans le cadre de l’accord de coentreprise, signé le 14 décembre 2021, entre les deux entreprises en vue de la création de Fimer Algérie, spécialisée dans la fabrication d’onduleurs, d’unités de commutation pour centrales solaires et d’instruments de contrôle pour l’industrie de l’énergie photovoltaïque. En 2020, Fimer a racheté l’activité onduleurs solaires ABB (entreprise suédo-suisse).
Plus récemment, le P-dg du Groupe turc de l’énergie Renecore Energy Investmen, Mesud Toprak, a confirmé, à Alger, sa volonté de réaliser un projet intégré dans les domaines des énergies renouvelables et la fabrication de panneaux solaires photovoltaïques en Algérie.

Les autres projets EnR

Le programme initial de développement des énergies renouvelables (démesuré, selon l’avis émis par des connaisseurs à l’époque déjà), adopté en février 2011 par le Gouvernement, a été rectifié en mai 2015, et élevé en priorité nationale en 2016, puis réajusté en 2020, l’objectif a été ramené à 15.000 MW (au lieu de 22.000 MW) et l’échéance éloignée à 2035 (au lieu de 2030). En décembre 2022, seuls 589,7 MW en énergies renouvelables, étaient installés.

Après l’attribution des marchés du projet de 2.000 MW, en septembre dernier, il est attendu l’ouverture des plis du projet Solar 1.000 MW de la société SHAEMS, et le lancement du programme de 3.000 MW annoncés par Sonelgaz. Pour rappel, le projet Solar consiste en la constitution de Sociétés de Projet chargées de réaliser un ensemble de centrales électriques photovoltaïques d’une puissance totale de 1.000 MW réparties sur cinq wilayas – Béchar, Ouargla, El Oued, Touggourt et Laghouat – en lots de 50 à 300 MW chacune.

Au plan national, dans l’ordre des urgences, la sécurité énergétique n’est pas en première position, la priorité est donnée à la sécurité sanitaire et, avant tout, à la sécurité hydrique et alimentaire. La pénurie d’eau due aux longues périodes de sécheresse affecte les besoins de la population en eau potable et de l’agriculture en eau d’irrigation. La sécurité alimentaire est naturellement liée à la sécurité hydrique. La réutilisation des eaux usées épurées et le dessalement de l’eau de mer font l’objet d’une attention soutenue des pouvoirs publics, bien plus que le développement des énergies renouvelables.
Les besoins de la population en électricité et en gaz sont largement couverts par la production nationale, excédentaire puisqu’une partie est exportée. L’économie d’énergie recherchée à travers l’efficacité énergétique vise à épargner des quantités de gaz à exporter et non pas à assurer la continuité de la distribution du gaz et de l’électricité.

Sonatrach est soucieuse de «sa position en tant que fournisseur traditionnel fiable sur le marché mondial du gaz, qui honore ses engagements contractuels, avec une stratégie basée sur sa capacité à s’adapter aux exigences du marché mondial du gaz grâce à la variété d’offres de gaz et la diversité des chaînes d’exportation entre les Gazoducs, les structures de liquéfaction et la flotte de méthaniers».

Un rapport de la Chambre africaine de l’énergie estime que l’Algérie est sur le point de dominer, de 2023 à 2027, le marché africain du gaz naturel. Le souci d’accroître les recettes extérieures à travers les exportations de gaz naturel justifie en grande partie l’intérêt accordé au développement des énergies renouvelables destinées à la production d’électricité. De même, la production d’hydrogène vert, et surtout l’ammoniac vert, est destinée à l’exportation pour satisfaire les besoins du marché européen, en particulier allemand, en plus de sa substitution aux hydrocarbures, pour la décarbonation, dans de nombreux domaines d’activité économique, dont la pétrochimie, la cimenterie, la sidérurgie.

L’hydrogène vert

L’hydrogène vert sortira des sites de dessalement d’eau de mer de l’AEC (Algerian Energy Company), selon les informations fournies par cette entreprise lors du 13ème Salon international de la transition énergétique et des énergies du futur (ERA, Oran, 2-4 octobre 2023). Le Président Tebboune avait donné pour instruction, aux secteurs concernés par la stratégie de développement de l’hydrogène en Algérie, de recourir aux stations de dessalement de l’eau de mer, afin d’économiser les ressources en eau conventionnelles (superficielles et souterraines) du pays. La réutilisation de l’eau usée épurée est également envisagée pour la production d’hydrogène vert. Un accord existe, depuis près d’un an, entre le groupe Sonatrach et la société gazière allemande «VNG AG» (VNG) pour l’examen des opportunités de coopération pour la réalisation de projets dans le domaine de l’hydrogène et l’ammoniac vert, dans le but de les exporter vers l’Allemagne. Un premier projet-pilote, cofinancé par les deux parties, de production de l’hydrogène vert en Algérie est prévu avec comme objectif principal de maîtriser les technologies relatives à ce domaine pour pouvoir passer à l’étape de production commerciale de quantité importante d’hydrogène vert à partir de l’année 2030. D’autres projets-pilotes, notamment celui de fertilisants à Arzew (Oran), sont évoqués comme base pour le déploiement à plus grande échelle de l’hydrogène dans le pays. Le développement de l’hydrogène, «notamment vert», intégré à la transition énergétique, a été déclaré «priorité» pour l’Algérie.

Les experts algériens estiment que la connectivité des réseaux de canalisations internationales entre l’Algérie et l’Europe, qui peuvent être utilisées pour le transport de l’hydrogène vert, et la dotation en potentiel d’énergie solaire, permettent à Sonatrach de s’engager dans une stratégie à long terme pour concrétiser ses projets à des coûts compétitifs. Pour les responsables algériens, le financement des projets de transition énergétique demeure le grand défi posé par leur concrétisation sur le terrain.

La Nouvelle République

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