La nécessité de compléter la réglementation régissant les énergies renouvelables, notamment pour permettre l’injection de l’électricité produite dans le réseau électrique et encourager les investisseurs est vivement recommandée par les spécialistes pour booster ce secteur prometteur.
« En théorie, la loi 02-01 de 2002 relative à électricité et à la distribution du gaz autorise tous les producteurs de l’énergie d’être connectés au réseau électrique et d’injecter l’excédent de leur production vers les réseaux de Sonelgaz, mais le problème réside dans le fait qu’il n’y a pas eu de textes d’application de cette loi », a relevé le directeur de l’efficacité énergétique auprès du Commissariat aux énergies renouvelable (CEREFE), Mourad Issiakhem, dans une déclaration à l’APS.
Selon ses explications, ces textes d’application devraient permettre de fixer le tarif de l’électricité (par KW) qui pourrait être vendue à l’entreprise publique par les industriels ou même par les particuliers.
Pour M. Issiakhem, « l’impossibilité » actuelle d’injecter le surplus des énergies renouvelables dans le réseau électrique de Sonelgaz constitue non seulement « un gaspillage » de l’énergie propre mais affecte aussi les installations du solaire.
A titre illustratif, il a évoqué l’existence de plus de 400 écoles dotées de panneaux solaires connectés au réseau Sonelgaz. « Au lieu de tirer profit de cette ressource en utilisant le surplus pour alimenter les habitations à proximité de ces écoles, on limite la puissance de ces panneaux de sorte qu’ils produisent juste l’énergie qu’il faut pour l’alimentation de ces établissements scolaires », a-t-il déploré.
Cette technique d’empêcher le panneau d’injecter sur le réseau électrique « réduit, en plus, l’efficacité de l’équipement solaire et réduit sa durée de vie et sa rentabilité », explique ce responsable au CEREFE.
Les industriels qui disposent d’une installation de cogénération sont confrontés au même problème faute de texte d’application les autorisant à injecter l’excédent de leur électricité produite par le solaire dans le réseau électrique.
Abondant dans le même sens, le directeur général du Cluster Solar Energy, Boukhalfa Yaïci, a affirmé à l’APS que, dans les pays pionniers dans ce domaine, des particuliers et des industriels consomment l’énergie produite par leurs propres installations et injectent le surplus de leur électricité dans le réseau électrique public. En échange, ils encaissent des rémunération.
« C’est une pratique très courante qui encourage les gens à opter pour le renouvelable, en installant leurs équipements avec leurs moyens propres, en sachant qu’ils pourront amortir leurs investissements « , a-t-il fait valoir.
Pour les particuliers disposant d’une installation de cogénération dans ces pays (utilisation du solaire dans la journée et le réseau publique la nuit), ils injectent le surplus de électricité produite à partir du solaire au cours de la journée et le fournisseur d’énergie leur restituera la nuit les quantités injectées dans le réseau ce qui leur permet de compenser la consommation sans rien payer, a-t-il encore expliqué.
« Le conteur enregistre la consommation achetée et la vente fournie au réseaux », a précisé M. Yaïci .
Pour cet expert, il serait intéressant pour l’ Algérie de faire autant pour inciter les gens à investir dans les énergies renouvelables notamment dans le Sud et les hauts plateaux. D’autant plus que l’Algérie dispose d’un gisement solaire inestimable.
500 mille DA à 4 millions de Da pour une installation solaire
Pour avoir une idée sur les prix de la production du solaire en Algérie, l’APS a interrogé le sous-directeur du département des énergies renouvelables au CEREFE, Boualem Bouchaïb qui a fait savoir que le coût d’une installation de panneaux solaires raccordés au réseau d’alimentation électrique principal de Sonelgaz avoisinerait les 500.000 dinars pour un particulier.
Cette option, qui nécessite un compteur réservé au système photovoltaïque et un second pour enregistrer l’énergie consommée à partir du réseau Sonelgaz, permet aux usagers de s’alimenter de l’énergie solaire pendant la journée et de se connecter au réseau public le soir afin de réaliser des économies sur leur facture d’électricité.
Quant au second système, hors réseau Sonelgaz, son coût avoisine les 700.000 dinars, voire même plus. Comme il l’a expliqué M. Chaïb, cette cherté par rapport au premier système s’explique par le fait qu’il assure à son usager une « autonomie totale » vis-à-vis du réseau public.
« L’installation comprend, en supplément, une batterie de stockage d’énergie permettant à son usager d’assurer sa propre auto-alimentation en électricité produite à partir de ses panneaux solaire sans frais supplémentaires », a-t-il détaillé.
Par ailleurs, le coût d’une installation solaire pour un industriel ou un agriculteur augmente selon le nombre des panneaux solaires installés au niveau de l’usine ou l’exploitation agricole. « Elle peut atteindre les quatre millions de dinars », a-t-il avancé.
Contacté par l’APS, le ministère des Energies Renouvelables et de la Transition Energétique a assuré que toutes ces préoccupation sont prises en charge par le ministère et que la loi sur la transition énergétique, en cours de préparation, apportera les solutions adéquates à ces questions, tout en réitérant l’engagement de ce département à réussir le challenge de la transition énergétique en Algérie.
APS