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Retour sur la voiture électrique DZ

Un chercheur algérien a fabriqué un prototype de voiture électrique destinée à la circulation urbaine. D’une longueur de 2,5 m, le véhicule ne peut accueillir que deux personnes. Retour sur cette invention 100 % Made in Bladi.

Il s’appelle Oussama Touaba. Il est ingénieur d’Etat soutien à la recherche, à l’unité de recherche en énergies renouvelable au milieu saharien (Urerms) d’Adrar affiliée au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) et doctorant à l’Ecole nationale polytechnique d’Alger.

A 35 ans, ce Constantinois est l’auteur d’une invention inédite : il a conçu, il y a 3 ans, la première voiture électrique algérienne biplace au poids plume d’environ 200 kg. «J’ai déjà plusieurs inventions à mon actif, comme les robots ou encore une voiture solaire», assure-t-il, fier. Pour réaliser son invention, M. Touaba a pu compter sur l’aide de son encadreur à l’école polytechnique d’Alger, le Professeur Mohamed Salah Aït Chikh. «Il m’a aidé non seulement apporté son aide morale mais aussi financière», confie-t-il.

Ce qui a motivé M. Touaba dans sa création est le fait que les véhicules conventionnels commencent, à l’échelle mondiale, à laisser la place aux voitures électriques. La hausse des prix du carburant n’est pas en reste. L’ingénieur assure que les tarifs étant de plus en plus élevés et pesant plus que jamais sur le portefeuille des ménages, l’a d’autant plus encouragé dans sa démarche. M. Touaba se lance alors à corps perdu dans la réalisation de sa voiture, fabriquée à 100% à base de matériaux et de pièces de récupérations.

D’une longueur de 2,5 m, ce prototype de voiture électrique 100% algérienne a été conçu en aluminium, ce qui a permis de rendre le véhicule très léger. «J’ai fouiné dans les casses pour récupérer ces matériaux. Et parfois, j’ai fais de la récupération à partir d’anciens appareils ou véhicules», précise-t-il. M. Touaba a donc choisi et transformé chaque pièce, tout en  privilégiant l’usage de matériaux légers tel que la résine de verre ou encore l’aluminium. «J’ai  entièrement façonné la carrosserie. Idem pour ce qui est du design de la voiture», précise-t-il, fier. Il faut savoir que le véhicule contient deux moteurs. Ils sont situés, selon l’ingénieur, au niveau de chaque roue arrière. La raison ? «Ce sont les roues de traction», explique-t-il.

Tout comme pour les matériaux de la carrosserie, M. Touaba précise que les moteurs sont aussi issus de récupération à partir de d’autres machines et adaptés spécialement pour le véhicule. A noter que la puissance de cette voiture est de 1,2 kilowatt, ce qui équivaut à 1,7 cheval et une vitesse maximale de 40 km/h qui diffère en fonction de la puissance. «A savoir aussi que la voiture peut atteindre une autonomie d’une centaine de kilomètres. Cela dépend de la puissance des batteries utilisées», précise M. Touaba.

Précisant que grâce aux batteries de lithium-ion, dédiées aux véhicules électriques, le véhicule pourrait rouler jusqu’à 200 km sans avoir besoin d’être chargé. «Malheureusement, ces batteries ne sont pas disponibles en Algérie. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai utilisé, pour mes essais, des batteries ordinaires», se désole le spécialiste. Aujourd’hui, M. Touaba redouble d’effort afin de développer davantage son invention pour l’adopter à l’échelle industrielle dans le but de la proposer aux consommateurs algériens à un prix ne dépassant pas les 1 000 000 DA. Un prix compétitif comparé aux tarifs des voitures électriques disponibles sur le marché.

Encouragements

Même si M. Touaba croit fort en le potentiel de sa voiture, il se désole du fait qu’il n’ait reçu aucun retour positif vis-vis de son invention. «Malheureusement, je n’ai reçu aucun contact. Pis encore, je n’ai même pas reçu ne serait-ce que des encouragements de la part des responsables concernés.» Toutefois, le spécialiste ne désespère pas de voir son projet concrétisé à une plus grande l’échelle. «Il suffit que des moyens humains qualifiés ainsi que le financement soient disponibles», affirme-t-il.

Selon lui, la mise sur pied d’un tel projet apportera une plus-value à l’économie nationale et permettra la création d’emplois notamment au profit des nouveaux diplômés universitaires. «Cela aura un impact direct sur le maintien des réserves de change qui constituent l’une des bases essentielles pour la construction d’une économie diversifiée qui aide à sortir de la dépendance aux hydrocarbures, conformément au programme du président de la République et de contribuer à la création de richesses et d’emplois et la protection de l’environnement», énumère-t-il.

Toutefois, si la voiture électrique de M. Touaba a déjà reçu un brevet de l’Institut national de la propriété industrielle (INAPI), le chercheur avoue ne pas avoir lancé des démarches auprès des autorités pour mettre sur pied votre projet, et ce, à cause des difficultés auxquelles il a dû faire face dans son parcours. «Il faut savoir que l’ingénieur en Algérie n’a pas le droit à la recherche scientifique malgré le fait qu’il soit inscrit pour obtenir un doctorat, y compris s’il est l’un des plus grands génies du monde», se désole-t-il. Pire que ça, M. Touaba assure que l’ingénieur de soutien à la recherche dans un centre de recherche, ayant obtenu son diplôme de doctorat, est placé dans un rang inférieur aux autres grades de doctorat dans le même centre de recherche.

Ce qui donne un sacré coup à la motivation du chercheur. M. Touaba considère également que le salaire de 32 000 DA que perçoit un ingénieur dans les centres de recherche reste insuffisant pour  subvenir aux besoins quotidiens. «J’ai inventé une voiture électrique, mais je n’ai pas les moyens d’acheter une voiture ordinaire», se désole-t-il. D’ailleurs, selon le chercheur, ne pas encourager les inventeurs ingénieurs financièrement et matériellement ne favorise pas la création.

El Watan

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