La cimenterie de Béni Saf vient de recevoir une mise en demeure de la part de la commission de contrôle et d’inspection des établissements classés et la direction de l’environnement de la wilaya de Aïn Témouchent, lui reprochant de contribuer à la pollution atmosphérique.
Qualifiée de véritable catastrophe écologique et de danger pour la santé publique, la cimenterie de Béni Saf risque tout simplement la fermeture suite aux appels répétés des élus locaux et des défenseurs de l’environnement.
Des appels qui n’ont pas été vains, puisque la commission de contrôle et d’inspection des établissements classés de la wilaya et la direction de l’environnement viennent d’adresser une mise demeure à la cimenterie.
Elle lui a été notifiée par la Gendarmerie nationale et expirera au tout début du mois de mars prochain, après lui avoir accordé un délai de deux mois pour l’installation du filtre à manche afin d’éliminer la pollution atmosphérique et les différents types de déchets qui ne sont pas stockés dans des conditions favorables, a confié une source proche du dossier.
Lors de la dernière session de l’APW qui s’est déroulée au début du mois de novembre 2020, Benallal Ahmed, président de la commission de la protection de l’environnement et de l’hygiène, n’a pas été tendre avec la direction générale du Gica (Groupe industriel des ciments d’Algérie) qui tarde à procéder au remplacement du filtre à manche, faisant fi des revendications de la population.
Ce qui a fait réagir le ministère de l’Environnement et des Énergies renouvelables en dépêchant une commission, poussant, du coup, le directeur général du Gica à se déplacer à Béni Saf. Passé ce délai, la commission d’inspection effectuera une sortie pour constater la levée des réserves.
Le programme mensuel d’inspection et de contrôle des grandes unités qui émettent la pollution, notamment la pollution atmosphérique, et des rejets liquides industriels prévoit des sorties sur site à la zone industrielle de Tamzoura avec pour cible l’aciérie turque Ozmert, la tannerie d’El-Amria et les carrières d’agrégats.
Il faut dire que quatre brigades d’inspection habilitées à établir des PV de constat activent dans la wilaya et s’occupent respectivement des établissements classés, du contrôle du mouvement d’activité des soins, des déchets urbains et inertes et enfin du littoral.
Pour l’aciérie turque Ozmert, la mise en demeure de deux mois qui lui a été signifiée vient d’expirer. Une seconde sortie de la commission est programmée pour constater la levée des réserves qui concernent l’élimination de la pollution atmosphérique, non-respect des conditions de stockage des différents types de déchets associés et surtout les huiles usagées en l’absence de traçabilité de transport, assure notre source.
La tannerie d’El-Amria, elle, vient d’être mise en demeure en raison de la présence des déchets solides qui contiennent du chrome, produit chimique très dangereux, en l’absence d’une station d’épuration, en panne, en plus du stockage de produits périmés non identifiés. Dans le même registre, deux sociétés, Sarl Sobat et Sarl Sablier d’Or, ont fait l’objet de fermeture de la part de la direction de l’environnement et de la commission de wilaya pour le contrôle des établissements classés.
On leur reproche d’avoir outrepassé les limites et repères des terres agricoles, ce qui a pénalisé les fellahs, sachant que la Sarl Sobat exerce sans autorisation d’exploitation et a été fermée depuis le mois d’août 2020 sans qu’elle soit mise en demeure en raison du caractère urgent de la décision. Mais les regards restent surtout braqués sur la cimenterie de Béni Saf, dont la poursuite de l’activité représente un danger réel aussi bien pour la santé de l’individu que pour l’environnement.
Cette fois-ci, les autorités locales et centrales semblent plus que jamais décidées à en finir avec ce problème assimilé à une véritable catastrophe. Les chiffres avancés par le président de la commission de la protection de l’environnement et de l’hygiène de l’APW donnent froid dans le dos, en avançant le chiffre de 1200 personnes asthmatiques, sans parler des maladies d’allergies et du cancer des poumons dans la région de Béni Saf, sachant qu’un seul cas d’asthme coûte à l’État 120 millions centimes/an, un cas de cancer coûte à l’État entre 600 et 700 millions/an.