ALGER- L’Algérie qui sera confrontée, à l’instar des pays du bassin méditerranéen, à une « accentuation » des événements climatiques extrêmes marqués par une « modification » du régime pluviométrique et un déplacement des saisons, est appelée à développer une stratégie adéquate en vue de réduire les impacts négatifs de ces changements.
« Les scénarios futurs du climat prévoient pour l’Algérie une accentuation des évènements climatiques extrêmes affectant beaucoup de secteurs névralgiques, ce qui pourrait avoir un impact sur le plan socio-économique », a déclaré à l’APS le directeur du Centre climatologique national (CCN), Sahabi Abed Salah qui relève de l’Office national de la météorologie (ONM).
Il a fait observer, à ce propos, que « les impacts environnementaux du changement climatique sont énormes et deviennent par conséquent omniprésents », expliquant que « les effets négatifs sur l’environnement associés au changement climatique englobent les sécheresses, les feux de forêts, la dégradation des sols et la désertification, ainsi que la perte des écosystèmes marins et la biodiversité ».
La variabilité climatique est caractérisée, ces derniers temps, par une « augmentation dans l’occurrence et la sévérité des phénomènes extrêmes, ainsi que par une modification du régime pluviométrique et un déplacement des saisons », a relevé l’expert.
Il a indiqué que « durant les 30 dernières années (1988-2017), les maximas des cumuls pluviométriques ne s’observent plus forcément durant la saison hivernale décembre-janvier et février », citant l’exemple d’Alger où « les quantités de pluie enregistrées durant la saison octobre-novembre-décembre sur la période 1988-1997 ont été 12 fois plus importantes que celles en hiver de la même période, et celles de la saison novembre-décembre-janvier l’étaient 20 fois plus. Le constat reste le même pour Oran et Constantine ».
Il a souligné, dans le même sillage, que les effets du réchauffement climatique « se feraient ainsi sentir le plus gravement par l’augmentation des températures extrêmes de l’air qui intensifierait l’apparition d’événements extrêmes et les conditions de stress thermique ».
A cet effet, « les conséquences relatives au changement climatique futur devraient désormais être prises en compte dans toutes les stratégies de développement, en particulier dans la région méditerranéenne y compris l’Algérie caractérisée déjà par un climat aride à semi-aride où de nombreux risques peuvent surgir et les phénomènes extrêmes sont prévus d’être plus intenses et plus récurrents », a soutenu M. Sahabi.
« Pour l’Algérie, le signal du changement climatique est maintenant apparu », a-t-il fait savoir, précisant que « les pluies soudaines de forte intensité, ainsi que l’amplification de l’intensité, de la durée et de la fréquence des phénomènes de chaleur extrême enregistrés dans beaucoup de villes confirment la situation constatée dans d’autres régions du monde ».
Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, « les conditions climatiques extrêmement chaudes prévues en plus de l’expansion urbaine rapide compliqueront les facteurs sociaux-économiques et environnementaux ».
l a cité, à titre d’exemple, que « durant la seule période du 5 au 6 juillet 2018, cinq nouveaux records de température maximale absolue ont été relevées sur cinq wilayas, où l’on a enregistré +51.3C à Ouargla un record pour l’Algérie et pour tout le continent africain, +49.7C à El-Oued, +49.5C à Touggourt, +47.4C à Ghardaïa et +44.8C à Bechar ».
nécessité de réduire les effets négatifs du changement climatique
Il a expliqué que cette situation « entrainera plus de jours secs consécutifs, ce qui aura un impact sur les moyens de subsistance, l’accès à l’eau et les productions agricoles associés à un risque de sécheresse extrême », d’où la nécessité de « prendre des mesures adéquates pour non seulement réduire les effets négatifs de ce changement climatique mais également de développer des stratégies pour y faire face ».
Citant le rapport des experts climatologues de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le directeur du CCN a indiqué que « la température moyenne du globe durant l’année 2020 était d’environ +1,2 C au-dessus de celle de la période préindustrielle prise comme référence 1850-1900 ».
L’année 2020 aura été, ainsi, « l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrées à l’échelle mondiale », a indiqué M. Sahabi, précisant que « le rapport d’évaluation de l’OMM basée sur cinq ensembles de données de température mondiale issues des centres climatiques globaux, place 2020 au deuxième rang des périodes les plus chaudes de l’année à ce jour, par rapport aux périodes équivalentes du passé ».
Dans ce contexte, selon les prévisions de l’OMM, avec une année 2020 figurant parmi l’une des trois années les plus chaudes jamais enregistrée, « les six dernières années, 2015-2020, seront alors susceptibles d’être les six plus chaudes jamais observées ».
« Les moyennes sur cinq (5) ans (2016-2020) et sur dix (10) ans (2011-2020) sont également les plus chaudes jamais enregistrées. Depuis les années 1980, chaque décennie successive a été plus chaude que la précédente depuis au moins 1850 », selon l’organisation mondiale.
« Aux niveaux actuels d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, le monde reste sur la voie le conduisant à dépasser les seuils de température convenus de 1,5 C ou 2 C au-dessus des niveaux préindustriels, ce qui augmenterait le risque d’effets envahissants du changement climatique au-delà de ce qui est déjà vu », a-t-il prévenu.
Pour l’expert, « l’effort de réduire le niveau des émissions de gaz à effet de serre dans un monde en croissance démographique et économique continue, demeure un défi de taille tant sur le plan politique que technique.
Le secteur de l’énergie étant au centre de ce défi, puisque la ressource énergétique joue un rôle crucial dans le développement économique et social et constitue en même temps la source primaire des émissions de gaz à effet de serre (production énergétique, transports, bâtiment) ».
« Afin de lutter contre le réchauffement climatique global et de limiter la production de gaz à effet de serre produit par les énergies fossiles et passer vers une énergie propre et verte, une transformation profonde et progressive s’impose », a-t-il soutenu.
APS