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Mourad Bouache. Chercheur à la Sillicon Valley : «Nous manquons d’infrastructures et de données»

Le Dr Mourad Bouache, 38 ans, exerce, depuis 2012, dans un laboratoire de recherches chez Yahoo à la Silicon Valley aux Etats-Unis d’Amérique où il s’occupe des Data centers et dirige une équipe de plus de 20 chercheurs.

Propos recueillis par Khider Ouhab

-Vous avez eu à animer, en juin dernier, un camp virtuel dédié à l’intelligence artificielle au profit de l’université de Skikda. Depuis, quelles sont les avancées que vous auriez relevées dans ce domaine ?

Skailab (Skikda AI Laboratory) est le premier centre d’intelligence artificielle en Algérie. On a commencé à Skikda, car c’est l’université qui avait déjà les ressources de calcul nécessaires pour créer un premier centre IA. Le premier contact avec ce centre était la formation de l’IA pratique comme module complémentaire. Cette formation est d’une durée de six mois. J’ai enseigné l’IA à cinq étudiants de l’université de Skikda (3 étudiants en master 2 informatique, 2 doctorants en informatique).

Cette formation était en collaboration avec des compétences algériennes, comme Dr Senouci de l’ECE Paris et le Dr Amine Abdaoui, d’AirBus Toulouse France. Des experts américains d’Intel (géant des microprocesseurs dans le monde) ont aussi aidé avec des cours et une certification de la part d’Intel AI Academy à la Silicon Valley. Cette formation a permis aux étudiants de toucher aux problèmes réels de l’IA et à commencer à raisonner comment créer des produits avec un esprit startup. Avec notre groupe Skailab, on a publié deux articles scientifiques dans des conférences internationales IA au Japon et aux Etats-Unis.

Des projets réels comme la détection des maladies telles que la jaunisse néonatale, la détection de fumée pour un air pur, l’IA pour une agriculture plus précise et d’autres projets en phase de développement dans les domaines des énergies renouvelables. L’IA en Algérie peut devenir une réalité avec une formation pratique et une stratégie IA claire.

-Quelles sont, selon vous, les compétences nécessaires pour une formation en IA ?

Je pense que l’étudiant algérien veut apprendre comment programmer pour résoudre un problème et non pas programmer pour juste être un programmeur. L’esprit startup, créer un produit pour résoudre un problème ou bien un service qui est très demandé en Algérie. Le but c’est de trouver des solutions qui peuvent améliorer l’économie algérienne à travers l’IA. Donc, la programmation pratique, l’IA pratique pour l’industrie, l’entreprise, le travail d’équipe, la culture des homeworks. Il faut que l’étudiant travaille plus, soit en groupe ou individuellement. Le brainstorming, partage d’idées et de pensées.

Poser des questions… plein de questions.  Essayer, commencer petit puis développer le concept. Notre formation est aussi une formation de formateurs. Les étudiants sont devenus des formateurs. Ils vont former d’autres étudiants dans d’autres universités algériennes. On va commencer par l’université de Biskra mais on va former d’autres dans d’autres universités. Le but c’est former en exponentielle.

-Quel regard portez-vous sur les compétences nationales dans le monde du Big Data, et disposons- nous, en Algérie,  des outils nécessaires qui nous permettraient de développer l’IA ?

La formation d’intelligence artificielle dans les universités algériennes est beaucoup plus théorique donc elle a une orientation de recherche et non pas pour résoudre des problèmes réels dans les différents domaines. La théorie existe en Algérie, ce qu’il manque c’est l’application et une stratégie IA nationale claire pour la sécurité des données et aussi de partage des données publiques pour une exploitation au bénéfice des startup. L’IA exige une infrastructure avec une formation complémentaire.

Le domaine IA demande deux choses, la programmation d’un ou plusieurs langages machine et les données ou la collection des données. Le langage le plus commun c’est le Python et des outils de collection et de nettoyage des données pour l’exploitation et la création d’un produit IA, académique ou industriel.

Pour les données, il faut penser à un Data Center ou les données sont collectées et centralisées. Le Data Center ou le centre de calcul est l’infrastructure de l’intelligence artificielle. Ce centre de calcul sera connecté via internet avec d’autres centres (hôpitaux, usines, laboratoires de recherches, startup, etc.). La connectivité est essentielle dans ce monde high-tech. Il faut garantir un haut débit internet pour la circulation rapide des données entre les Data Center et les utilisateurs finaux.

-Que manque-t-il en Algérie pour investir dans le domaine de l’IA ?

Il manque l’infrastructure (calcul et sauvegarde) et les données. La différence entre la programmation et le développement des applications traditionnelles et les applications d’intelligence artificielle est le volume des données injectées dans le modèle développé par un programmeur IA. Il y a un grand manque de données dans tous les secteurs de l’économie algérienne.  On ne peut pas, par exemple, développer un système de détection d’une maladie sans disposer des données des malades d’un hôpital.

Pour être efficace avec l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé qui est une priorité nationale, il faut passer d’abord par la digitisation de ce secteur très sensible. L’étape qui va suivre sera beaucoup plus facile avec l’utilisation des données et résoudre les problèmes ou l’IA peut intervenir.

El Watan

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