C’est depuis 2012 que Djazia Beldjouhar fait dans la valorisation des déchets ménagers et assimilés. Cette technicienne supérieure en environnement n’est pas en panne d’idées. La fin de son contrat de travail d’une durée de deux ans dans un CET (centre d’enfouissement technique) lui a ouvert les portes vers de nouveaux horizons.
Malheureusement, la pandémie de la Covid-19 a plongé son entreprise dans l’expectative, espérant que la crise sanitaire ne durera pas longtemps, faute de quoi, ces efforts de nombreuses années risquent de partir en fumée. «C’est au niveau du Centre de facilitation de la PME que j’ai eu l’idée de la création de ma propre entreprise de recyclage des déchets.
C’est le directeur de ce centre qui m’a orientée vers ce créneau, en prenant connaissance de mon CV», raconte Djazia. L’institution en question a été créée par le ministère de la Petite et Moyenne entreprises et de l’Artisanat afin aider les porteurs de projets pour la création, le démarrage et le développement de leurs projets.
Cette jeune chef d’entreprise avoue que ses premiers pas dans l’investissement n’étaient faciles. «Ma crainte provenait surtout de la méconnaissance du domaine d’investissement», reconnaît-elle.
L’étude technique et économique qu’elle a menée dans la wilaya de Tipasa, sa région d’origine, était encourageante. Il lui reste tout de même un aspect important pour investir dans le recyclage : les financements ! C’est à ce niveau qu’elle s’est dirigée vers l’Ansej pour trouver les moyens de financement. « J’ai réussi à avoir un crédit dans le cadre du dispositif de l’Ansej d’un milliard de centimes.
Ce crédit m’a permis de lancer mon entreprise notamment l’achat des machines», raconte Djazia qui a entamé l’activité du recyclage à Tipasa. Au départ, j’ai commencé par la collecte de papier. «C’est au niveau des supérettes et des magasins que j’ai trouvé la matière première, d’autant plus qu’au niveau de la wilaya de Tipasa certaines communes refusaient de collecter les déchets de ces commerces.»
A ces quantités collectées, Djazia sensibilise les résidants des quartiers afin d’opter pour le tri sélectif notamment le papier. «Je cible les résidences clôturées et je mets à la disposition des résidants des bacs et des sacs pour la collecte du papier», témoigne Djazia.
Sa première expérience semble bien réussie, Djazia se lance dès lors dans le recyclage du plastique, mais la concurrence dans ces wilayas du centre du pays est très rude.
Djazia a sillonné de nombreuses régions des Hauts Plateaux avant d’installer son unité de recyclage dans la wilaya de Laghouat. C’est depuis 6 ans qu’elle fait dans la collecte et le recyclage de différents segments : papier, plastique, déchets ferreux. Elle a à son actif plus de 50 employés qui se retrouvent depuis le 15 mars sans travail et surtout sans aucun revenu.
Pénalisés par les moyens de transport qui s’ajoutent à la crainte de la contamination, les employés dans les différentes étapes du recyclage ont décidé d’arrêter le travail bien avant la fermeture de leur entreprise. «Ils ont peur de la contamination par la Covid-19, bien que le risque de contamination dans ce secteur soit toujours là, le risque de se faire contaminer s’est multiplié depuis l’apparition du premier cas en Algérie, soit le ressortissant italien à Hassi R’mel», souligne Djazia.
Cette spécialiste de l’environnement fait noter que même les particuliers qui font dans la collecte des déchets d’une manière informelle ont arrêté cette activité.
Le risque et la crainte pèsent très lourd sur ce secteur dont le devenir devient plus que compromis. «Même la matière première recyclée ne trouve pas preneur», déplore Mme Beldjouhar qui en plus des difficultés liées à l’arrêt de son usine, subit des pressions de la part du directeur du CET de Laghouat qui lui envoie un deuxième avertissement pour s’acquitter de ces dettes qu’elle n’a pu payer depuis deux mois. Faut-il préciser que Djazia a loué le CET de Laghouat 150 millions de centimes par mois.
A cela s’ajoutent 4 autres petits CET des différentes régions de Laghouat qu’elle paye en fonction des quantités récupérées. En dépit de cette phase de déclin, Djazia semble très optimiste quand à l’avenir du secteur du recyclage : «C’est une mine d’or !», confie-t-elle.
El Watan