La ministre revient dans cet entretien sur les efforts fournis en cette pandémie de Covid-19 envers les hôpitaux pour leur faciliter le tri à la base, la collecte et le traitement des déchets infectieux et éviter tout impact négatif sur la santé publique et sur l’environnement.
-Pendant cette pandémie du Covid- 19, les activités de soins génèrent une quantité croissante de déchets spécifiques dont les caractéristiques sont particulières. Quel bilan en faites-vous aujourd’hui ?
Les déchets d’activité sanitaire (DAS), générés par les établissements hospitaliers, représentent en Algérie entre 30 000 et 40 000 tonnes par an, selon la Stratégie nationale de la gestion intégrée des déchets. Ces déchets sont de natures diverses. En tête de file des DAS, figurent les Déchets ménagers assimilés (DMA), qui représentent environ 80% du total et qui ne présentent aucun danger. Suivent ensuite les déchets qui peuvent présenter des risques sanitaires potentiels pour le personnel de santé, pour les patients et pour la population comme ils peuvent être également porteurs de risques pour l’environnement
. Il s’agit des déchets d’activités de soins à risque infectieux (Dasri), des déchets anatomiques, des déchets à risques chimiques et/ ou, toxiques et des déchets radioactifs, qui obéissent tous à des filières d’élimination spécifiques. La gestion de ces déchets, selon la réglementation en vigueur, stipule que les Dasri nécessitent, aujourd’hui en raison du Covid-19, une prise en charge efficace et rapide.
Tous les intervenants dans la collecte ou le traitement de ces déchets par incinération ou par pré-traitement pour leur banalisation sont conformément à la réglementation en vigueur agréés ou autorisés par ministère de l’Environnement et des Energies renouvelables (MEER). Dans cette crise que nous impose le Covid-19 où les établissements sanitaires génèrent un surplus de Dasri, leur gestion peut être perturbée.
Pour anticiper sur ce genre de situation, nous accompagnons et assistons les entreprises agréées pour accélérer la collecte et la prise en charge de ces déchets. Nous participons, également, par le biais des organismes sous notre tutelle aux opérations de désinfection et de stérilisation au niveau des structures sanitaires.
-Le ministère de l’Environnement contribue alors depuis cette pandémie à la distribution du matériel spécifique dans la mesure où les Dasri doivent être séparés des autres déchets, conditionnés dans des emballages à usage unique et éliminés. Avons-nous une filière d’élimination spécifique en ce temps de pandémie, alors qu’en temps normal la méthode posait problème ?
Effectivement et dans le cadre du principe de solidarité interministérielle et pour faire face à cette pandémie, mon département ministériel a axé son intervention sur les établissements sanitaires qui reçoivent les malades infectés par le Covid-19. Nous avons équipé plusieurs hôpitaux de bacs, poubelles et sacs en plastique pour faciliter le tri à la base, la collecte et le traitement des Dasri et éviter tout impact négatif sur la santé publique et sur l’environnement. La filière «déchets d’activités de soins» est cadrée par la réglementation relative aux déchets spéciaux et dangereux qui exige leur tri à la source, de façon à éviter les mélanges (décret exécutif n° 03-478 du 9 décembre 2003). Elle compte 58 établissements de collecte, 12 unités d’incinération, 6 unités de pré-traitement par banalisation et 276 incinérateurs implantés dans les établissements de santé. Les activités de cette Filière sont contrôlées, au niveau local, par nos services déconcentrés, les directions de l’environnement de wilaya et les inspections régionales. Nous multiplions les opérations d’aide, d’assistance et d’accompagnement à ces entreprises pour la prise en charge des déchets établissements hospitaliers qui reçoivent les malades infectés par le Covid-19 à travers tout le territoire.
-Certains personnes du corps médical ou paramédical craignent une augmentation de nombre de contaminés dans le secteur à cause d’une mauvaise gestion du traitement des déchets hospitaliers spécifiques. Un commentaire ?
Pour prévenir ce genre de situation et rassurer les corps médicaux et paramédicaux, mon département ministériel a fait appel à plusieurs entreprises privées activant dans le traitement des déchets d’activités de soins pour leur collecte et leur traitement. Nous sommes intervenus au niveau de l’hôpital Frantz Fanon de Blida, le premier touché par le Covid-19, et nous multiplions nos efforts pour les autres hôpitaux au niveau des wilayas touchées.
Nous négocions au quotidien à travers le territoire avec ces entreprises pour multiplier leurs interventions et nous les assistons en cas de défaillance, surtout dans la collecte et le transport. Nous avons instruit les directions de l’environnement des wilayas touchées par le coronavirus pour recenser et évaluer le manque en matière d’enlèvement et de traitement de ces déchets. Ces éléments d’information nous sont utiles pour agir rapidement afin de pallier aux éventuelles insuffisances au niveau des établissements de santé.
-Sur le terrain, les résultats de tous les efforts sont peu visibles. Nous sommes pris d’urgence, mais quels sont vos projets ?
Face à ce fléau, tous les efforts, consentis par tous les secteurs, sont axés sur la préservation de la santé des citoyens.
Les résultats de ces efforts, fussent-ils colossaux, restent peu visibles sur le court terme mais ils porteront leurs fruits sur le moyen et long termes. Toute vie sauvée, toute contamination évitée est une victoire.
Nos efforts sont orientés vers les établissements hospitaliers qui reçoivent les malades infectés par le virus et les catégories de personnes les plus vulnérables et les plus exposées au virus. Nous avons pris en charge les agents d’entretien et d’hygiène qui collectent les déchets ménagers en les dotant de plus de 2000 tenues de protection (combinaisons, chaussures et gants). Si par le passé leur travail était pénible, aujourd’hui il devient dangereux, car nous voyons malheureusement au quotidien des dérives comportementales et peu citoyennes, des masques de protection et des gants usagés jetés à même la chaussée. Nous avons également pris en charge, par le biais des directions de l’environnement de willaya, la désinfection et la stérilisation des Diar Errahma et Diar El Adjaza, à travers tout le territoire.
Ces personnes restent très vulnérables et exposées aux risques de contamination. Nous leur exprimons ainsi notre solidarité. Nous multiplions nos actions de sensibilisation, de désinfection et de stérilisation des administrations, lieux et jardins publiques. Aujourd’hui, nous avons mené une opération de nettoyage et de désinfection du quartier de Bab El Oued. Nous avons mis plusieurs maisons de l’environnement à la disposition des associations qui œuvrent dans le domaine de l’environnement et nous conjuguons nos efforts avec elles pour des actions citoyennes.
-Vous êtes en plein opération de distribution des matériels de protection pour les différents corps hospitaliers. Quelle contribution apportez- vous à la gestion de la pénurie constatée ?
Le ministère de l’Environnement au même titre que les autres départements accompagne le secteur de la santé pour faire face à cette pandémie.
Nous avons doté, ces derniers jours, les hôpitaux Franz Fanon de Blida, Lamine Debaghine (Maillot) de Bab El Oued et Isaad Hassani de Beni Messous, El Hadi Flici (Kettar), Pierre et Marie Curie (Alger), Medjadji Mehdi (El Afroun), d’équipements de protection pour les personnels médical et paramédical (plus de 3000 tenues avec lunettes de protection et masques) en plus des produits de désinfection et de stérilisation. Cette opération a été dupliquée partout sur le territoire national, à Annaba, Bordj Bou arréridj, Khenchla, Béjaïa, Médéa, Ouargla, Ghardaïa, et Tizi Ouzou. Elle se poursuivra dans les prochains jours dans les autres wilayas.
Pour participer à l’éradication de la pénurie de masques, nous avons fourni, hier, tout le matériel nécessaire à des entreprises spécialisées pour la confection de 80 000 masques de protection. Nous continuons nos efforts en direction des hôpitaux et des personnes vulnérables.
El Watan