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Dossier :Sécheresse ou pas, l’Algérie demeure un pays pauvre en ressources en eau

Les températures qui sévissent durant cette saison hivernale deviennent de plus en plus des sources d’inquiétude pour les citoyens et particulièrement les agriculteurs. Si, de l’avis des spécialistes, il est encore trop tôt pour déclarer le cas de sécheresse en Algérie, les prévisions de la météo déclarent que «les modèles climatiques et à l’unanimité prévoient sur l’Algérie et pour la saison hivernale une situation de sécheresse à 50% de chance à normale, avec uniquement 30% de probabilités».

D’après les mêmes prévisions «le cumul des précipitations pour toute la saison d’hiver est attendu d’être en dessous à proche de la normale saisonnière avec 80% de chance sur le nord du pays depuis les régions du littoral jusqu’aux Hauts-Plateaux de l’Ouest algérien tout comme pour toute la partie nord-ouest de l’Afrique du Nord.

Pour le reste des régions aucun scénario spécial n’est à prévoir». La situation est-elle inquiétante ? «Cela est tout à fait naturel pour notre région», répond Ali Dakiche, enseignant en science de la terre à l’université d’Oran. Et d’expliquer : «Il s’agit bien d’un décalage (un à deux mois) de deux régimes pluviométriques frappant notre région, l’un méditerranéen nordique plus humide en hiver, complété par  l’autre continental atlantique saharien.»

De l’avis de cet expert, les raisons de ce décalage sont d’origine naturelle. Le phénomène est «lié généralement au mouvement de la terre et ses conséquences sur l’atmosphère». C’est un phénomène qui est à l’origine cyclique, mais il est devenu plus fréquent en raison des actions incontrôlables de l’homme (activités, industries, agriculture et autres plus néfastes).

Pour rappel, la dernière sécheresse ayant frappé l’Algérie a été observée à l’ouest du pays durant une longue période, s’étalant sur 30 ans, soit de 1975 à 2005.

Ce cas de sécheresse «demeure la plus longue des deux derniers siècles», souligne Ali Dekiche, enseignant en science de la terre à l’université d’Oran. «L’analyse spectrale de longues séries de précipitations à grande échelle a pu montrer, sur des périodes séculaires, une succession de longues périodes sèches dont les séquences, variant d’une décennie à trois, sont intercalées de séquences fortes humides et courtes», soutient cet ex-directeur régional des ressources en eau. Faut-il préciser que ce cas de sécheresse observé à partir de 1975, à l’ouest du pays demeure la plus longue des deux derniers siècles.

Une sécheresse que cet ex-cadre de l’Agence nationale des ressources hydriques qualifie d’«exceptionnel» de par son «intensité jamais enregistrée».

Néanmoins, Sofiane Benadjila, ingénieur agronome, avertit du fait que la hausse des températures durant cette période est loin d’être un phénomène épisodique. De l’avis de cet agronome, le record des températures risque de s’installer dans la durée. «Nous sommes en train de vivre un changement climatique», affirme M. Benadjila.

Et l’impact de cette situation sur les ressources en eau n’est pas à prouver. «Le déficit hydrique est tel qu’il n’est pas question de se considérer en face d’une sécheresse circonstancielle, puisque toute la région méditerranéenne est sur la trajectoire de l’aridité climatique», souligne cet ingénieur agronome.

Selon les normes établies par la Banque mondiale, l’Algérie est classée comme un pays pauvre en matière des ressources en eau. «Potentialités en eau : estimées globalement à 19 milliards de m3/an, correspondant à environ 600 m3/ hab/ an en 2006», avance M. Dekiche, ex-cadre à l’ANRH. Ce taux s’affiche en tendance baissière. Ainsi, selon notre interlocuteur, le taux du mètre cube par habitant passera à 500 m3/hab/an en 2020 (taux calculé sur la base de la projection de population).

Le seuil de rareté fixé par la Banque mondiale à 1000 m3/ hab/ an. Ainsi, «l’Algérie se situe dans la catégorie des pays pauvres en ressources hydriques», affirme M. Dekiche. Ce dernier considère la sécheresse comme un phénomène tout à fait naturel dont «il faut apprendre à s’en accommoder et à en tenir compte dans des opérations de gestion et de planification socioéconomiques à moyen et à long terme».

Le phénomène de sécheresse «se comporte périodiquement en périodes humides courtes et en périodes sèches assez longues, accentué de manière drastique par les effets des actions anthropiques dans l’environnement dont l’homme est à priori responsable direct des irrégularités du climat tant à l’échelle locale qu’à l’échelle régionale», explique M. Dakiche.

El Watan

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