Le groupe DHK Algérie dit être disponible à produire de l’énergie extraite de déchets en combustible alternatif. Elle est en mesure de remplacer l’énergie fossile polluante particulièrement pour les industries énergivores, comme les cimenteries. Une énergie ayant des retombées positives sur l’environnement : zéro émission de CO2.
-Vous organisez bientôt une conférence nationale pour sensibiliser vos potentiels clients sur cette nouvelle solution RDF (Refuse Derived Fuel) qui est de l’énergie extraite des déchets. Elle est peu coûteuse et sans impact sur l’environnement. Pouvez-vous nous expliquer votre démarche ?
La filiale Algérie, du groupe DHK existe depuis à peine trois mois. Et c’est pour cette raison que nous comptons organiser prochainement une conférence pour réunir le maximum de directeurs d’usines énergivores, tous secteurs confondus pour les sensibiliser sur notre démarche. Ces usines consomment beaucoup d’énergie en utilisant des carburants et gaz naturels qui sont aussi extrêmement coûteux. Sur le plan économique et environnemental, la solution que nous portons via nos projets est bénéfique pour ces usines.
Ainsi, notre solution contribuera à réduite la facture de production de 30%, tout en respectant l’environnement. Nous produirons en effet de l’énergie à base des déchets. Techniquement, il s’agit d’un circuit fermé (sans cheminée) et sans dégager de la fumée. Nous proposons en Algérie le transfert de cette technologie. Une technologie qui permettra d’utiliser du combustible alternatif, avec un taux calorifique de 18 à 20 mg.kg et réduira d’environ 30% la facture énergétique.
Nous le savons tous, les coûts de production des produits industriels sont énormes, notre solution est donc économique et réduira en plus les impacts néfastes sur l’environnement. La solution est une opportunité à saisir dans un monde qui est aujourd’hui menacé par l’épuisement des réserves de combustibles fossiles ; il est donc impératif de se tourner vers ce genre de solution de remplacement avec un impact positif sur l’environnement. Cela induira à coup sûr une réduction de l’utilisation des combustibles fossiles.
Quelque 1000 kg de combustibles de substitution remplacent 520 kg de charbon. Cette solution se compose d’environ la moitié de matières issues de la biomasse. Les émissions de CO2 dégagées lors de la combustion sont 60% inférieures à celles de charbon. Actuellement, le groupe possède un brevet unique au monde sur la transformation désignée par thermo dépolymérisation craquage système, une usine qui utilise le Refused derived fuels (RDF) transformé en optimal pour la production de l’énergie.
-Il n’existe toujours pas une stratégie claire et durable pour la gestion des déchets dans notre pays ; comment comptez-vous vous y prendre ?
Malheureusement, nous n’avons toujours pas de stratégie pour le traitement des déchets. Mais, il est grand temps de gérer nos déchets. D’ailleurs, lors de cette conférence, les collectivités locales, les P/APC, les walis, les responsables locaux…seront invités dans la mesure où ce sont eux les premiers concernés pour réussir notre démarche et nous accompagner. Jusqu’à ce jour, il faut dire que toutes nos tentatives de sensibiliser les concernés, comme les walis par exemple, se sont heurtées aux lenteurs et démarches bureaucratiques. Nous avons en effet demandé une assiette foncière qui doit, techniquement, se trouver non loin d’une décharge ou d’une zone d’enfouissement, mais aucune réponse ne nous a été accordée.
-Donc, votre matière première est essentiellement constituée de déchets. Avez-vous déjà effectué une pré-étude dans le pays ?
Nous allons nous concentrer essentiellement sur les déchets en plastique, sans ignorer les autres. Nous traiterons tous types de déchets. Nous devons repérer des zones d’enfouissement qui sont, faut-il le dire, un danger pour la santé publique vu la pollution générée sur le sol et les nappes souterraines. Avec notre procédé, on débarrassera la nature de ses déchets. Mais, il faut encore le souligner, nous ne disposons toujours pas de détails sur les zones d’enfouissement. Elles sont tenues secrètes ! Visiblement, il n’est pas possible d’indiquer ces zones ou de préciser les CET pour un meilleur suivi de notre projet. Rien ne nous a été indiqué pour le moment.
A mon avis, il est temps de rendre publique la liste de ces zones pour suivre et surtout faire le tri et éradiquer les dangers, et ensuite créer des richesses énergétiques. Notre but est de mettre en place un centre de recyclage des déchets dans chaque wilaya et nous sommes prêts à procéder au financement complet. Une démarche qui générera quelque 120 emplois directs pour une seule station de production à base de 250 tonnes/jour de déchets.
-Notre demande adressée au ministère de l’Environnement pour être reçus est restée lettre morte.
Comment comptez-vous tenir dans le temps ?
L’Algérie est en voie d’industrialisation. Nous sommes dans l’industrie de transfert, ce qui suppose l’existence de résidus dans la nature. Ce qui nous permet de parler d’une garantie de maintenir nos activités et de fournir les usines pour notre énergie. Le RDF remplace 30% de l’énergie fossile en Europe.
Nous demandons alors aux responsables de ces usines de venir en partenaires pour se doter de leurs propres centres de recyclage pour arriver à leur autonomie. Le groupe, faut-il le noter aussi, prendra en charge la formation des futurs techniciens en Tunisie. Il s’agit d’un centre de formation destiné aux pays africains. Une expérience qui a, rappelons-le, donné ses fruits dans plusieurs pays africains, dont la Tunisie, le Maroc, le Togo, le Congo… Il est grand temps de réfléchir à ce genre de solution et de sensibiliser la classe politique. A mon avis, même la Sonelgaz doit accepter d’ouvrir le débat.
-C’est une solution intégrée qui a prouvé son efficacité dans plusieurs pays…
Il s’agit de l’adaptation et de l’utilisation du combustible remplaçant pour une solution commerciale utilisée en Europe pour réduire le coût de l’énergie élevé dans le processus de production. Cette solution est déjà intégrée depuis l’an 2000 en Europe et a prouvé son efficacité. En 2000, avec une production d’environ 5 à 7 millions de tonnes de ciment, plus de 30% de la demande en carburant a été remplacée par des combustibles alternatifs en Europe. Puis, en 2018, le taux de substitution des produits de base a dépassé environ 23,2%.
Le plastique en Algérie est considéré comme un problème ; pour nous c’est une solution. Notre projet pousse les entreprises à scinder les deux fractions, le RDF et le SRF, pour obtenir les solutions optimales de traitement des déchets en plastique. Nous proposons l’intégration technique et l’installation d’un centre de traitement des déchets en plastique, la production des combustibles alternatifs, et enfin l’installation d’usines de production d’énergie.
Nous arrivons même à utiliser une technologie de pointe qui convertira l’énergie alternative que nous produisons dans le cycle de la gestion des déchets de plastique pour produire les RDF. C’est à l’aide de ce gaz synthèse que nous faisons tourner les moteurs à gaz, qui à leur tour vont générer de l’énergie électrique.
Le coût de notre usine est de 18 millions d’euros pour au moins une agglomération de 2,3 millions d’habitants.
El Watan