Au moment où Greta Thunberg et le mouvement écologiste Extinction Rebellion encouragent des centaines de milliers de personnes à dénoncer l’inaction des gouvernements contre la crise climatique, les activistes africains ont toujours du mal à se faire entendre.
L’Afrique est pourtant face à d’importantes et néfastes conséquences du changement climatique, et l’ONU a relevé une forte augmentation des inondations, des risques d’insécurité alimentaire généralisée, et des pertes économiques majeures.
La sensibilisation reste faible toutefois et une étude de l’institut de recherche Afrobaromètre a révélé en août que quatre Africains sur dix n’avaient jamais entendu parler du changement climatique.
Au cours de la conférence Climate Chance qui s’est tenue cette semaine à Accra, des centaines de militants, de responsables gouvernementaux locaux et des investisseurs privés du continent, particulièrement d’Afrique de l’Ouest, se sont rencontrés pour tenter d’adopter une marche à suivre commune.
L’Afrique ne produit qu’une infime fraction des émissions mondiales de gaz à effet de serre et la lutte contre le changement climatique est souvent perçue comme un problème concernant les habitants des économies développées.
Les manifestations pour le climat qui ont réuni des centaines de milliers de personnes de Sydney à Stockholm, n’ont en revanche mobilisé que quelques centaines de personnes pour des manifestations dans les capitales du continent, à l’exception de l’Afrique du Sud.
Pour l’ancien ministre béninois de l’Environnement, Luc Gnacadja, qui était présent à ce sommet, le manque d’accès à l’information et à la sensibilisation sont les problèmes majeurs en Afrique.
Il note aussi qu’en Afrique, où la question du respect des aînés reste un sujet tabou, les jeunes n’ont pas la même voix que dans les pays occidentaux. « Ils ne peuvent pas simplement parler comme Greta Thunberg », explique-t-il à l’AFP. « Ils ne peuvent pas s’avancer et lancer +Comment avez-vous osé? en parlant à la génération au-dessus d’eux », relève l’ex-ministre.
C’est pourtant ce que tente de faire certains d’entre eux, comme Patience Alifo, Ghanéenne de 23 ans. Cette militante écologiste insiste pour que les jeunes soient davantage inclus dans le débat, et regrettent d’ailleurs qu’ils n’aient pas été davantage présents au sommet d’Accra.
Les autorités en place n’accordent aucun espace de discussion avec les jeunes militants, selon elle, et n’écoutent aucune des solutions qu’ils pourraient apporter à la lutte contre le changement climatique. « Nous représentons la nouvelle génération et nous en subirons les conséquences », s’emporte-t-elle. « S’ils étaient mieux informés des risques, je suis sûre que plus de jeunes seraient ici pour défendre de meilleures politiques publiques ». « Mais nous allons insister, et insister jusqu’à ce qu’il y ait du changement », a-t-elle promis à Accra.
Kevin Ossah, 22 ans, vient du Togo, un pays où le gouvernement réprime et contrôle toute manifestation, dit-il. Pour lui, descendre dans la rue n’est pas une option.
L’Afrique a besoin de mesures plus concrètes selon l’activiste, comme replanter des arbres, interpeller les dirigeants pour faire réagir ou éduquer les communautés rurales.
Il a par exemple organisé une simulation de débats aux Nations unies, où les principaux pollueurs comme les États-Unis se trouvent en face de ceux qui subissent de plein fouet les conséquences climatiques. « Je pense aussi que nous pouvons utiliser les compétences en communication numérique », a-t-il déclaré. « Nous devons mieux faire connaître nos actions et partager les efforts que nous mettons en œuvre. »
Mais plus que d’une voix, les environnementalistes africains ont surtout besoin de données localisées et fiables au sujet de l’impact des changements climatiques sur les populations et l’économie afin de pouvoir commencer à mener une lutte efficace et ciblée.
Algerie-Eco