Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche a mis l’accent, hier au Centre international des conférences d’Alger, sur la nécessité de la relance du Barrage vert, de manière intelligente et innovante, dans le cadre d’une approche multisectorielle et pluridisciplinaire, à la faveur des compétences scientifiques que recèle l’Algérie. Et de rappeler que ce programme de reboisement à grande échelle fait suite à celui qui avait été lancé dans les années 70 par le défunt président Houari Boumediene.
Dans son allocution prononcée à l’occasion de l’ouverture des travaux de la journée d’information autour de ce programme, Cherif Omari a, notamment, appelé, tous les acteurs, aux plans institutionnel et académique, à conjuguer leurs efforts pour la réussite de ce projet ambitieux. Sous le slogan ‘‘le Barrage vert face aux changements climatiques’’, cette rencontre a été rehaussée par la présence de plusieurs membres du gouvernement et par celle du Directeur général des forêts (DGF).
« Le gouvernement algérien a lancé cette initiative de plantation de 43 millions d’arbres durant la période 2019-2021 pour préserver et promouvoir notre environnement », a-t-il précisé, non sans indiquer que ce programme de reboisement est avant tout une stratégie nationale qui traduit la volonté, sans faille, des autorités à lutter contre la désertification et de protéger notre pays contre les dangers des changements climatiques. Omari a, en outre, rappelé la nécessité d’impliquer les universités et les centres de recherche dans le choix des plants et espaces adaptés à chaque type de végétation. A la fin de son discours, le ministre a souligné que cette action, qui s’étalera dans un premier temps jusqu’au mois de mars 2020, permettra de diversifier l’écosystème algérien.
M. Dahmoune plaide pour la création d’espaces verts de proximité
De son côté et dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Salah Eddine Dahmoune, a demandé aux communes et aux wilayas du pays de mettre en place des programmes pour la création d’espaces verts de proximité répondant aux normes internationales.
Il a aussi affirmé que son secteur veillera à intégrer les espaces verts dans tous les projets de construction d’infrastructures publiques comme un impératif et dont les études urbanistiques et architecturales devront tenir compte. «Il faut parvenir à 10 m2 d’espaces verts par habitant au niveau des cités, des rues, des espaces publics et des organismes publics», a-t-il insisté, avant d’assurer que tous les efforts seront déployés pour mener à bien le Programme national de reboisement (PNR) et présenter ses résultats pour honorer les engagements de l’Algérie à l’échelle internationale. Dahmoune a mis à profit cette opportunité pour confier que notre pays se trouve à un tournant décisif de son histoire qui nous impose, poursuit-il, de prêter attention aux défis environnementaux et de faire face aux grands risques naturels, tels que la désertification, qui se complique davantage avec les changements climatiques, menaçant, ipso facto, les ressources biologiques et l’équilibre écologique de l’Algérie.
« Dans ce contexte, l’Etat a mobilisé plusieurs mécanismes juridiques, réglementaires et a mis à disposition l’ensemble des moyens tant humains que matériels pour ancrer la culture de la préservation de l’environnement chez le citoyen », a-t-il révélé, non sans ajouter que ces efforts auront pour but de consolider le couvert végétal et forestier du pays et consacrer les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030.
Versants des barrages : 1,2 million d’arbustes plantés
Prenant la parole à son tour, le ministre des Ressources en eau, Ali Hammam, a fait savoir que son département s’emploie à mettre en œuvre une importante politique de reboisement pour protéger les bassins-versants, les barrages et les cours d’eau. Hammam a, d’autre part, indiqué que l’Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT) avait planté, entre 2016 et 2017, plus de 1,2 million d’arbustes à travers plusieurs barrages du pays.
Il a également affirmé, que son secteur avait réussi à aménager et reboiser près de 25.000 hectares dans le cadre de la protection des cours d’eau. « En 2003, l’ANBT a élaboré, en coordination avec les services de la Direction générale des forêts (DGF), une étude ayant ciblé 52 cours d’eau déversant dans les barrages et les retenues collinaires à travers 32 wilayas », a-t-il affirmé, non sans préciser que cette étude avait pour objectif de définir les voies et moyens de protection de ces infrastructures des dangers de l’érosion. Dans ce sillage, le ministre a fait état d’un travail mené avec les services du ministère de l’Agriculture pour mettre en œuvre un programme d’élargissement des espaces irrigués à plus de 2 millions d’hectares afin de lutter contre les effets des changements climatiques et préserver l’équilibre écologique du pays. Le secteur des ressources en eau, poursuit Hammam, enregistre, actuellement, à la faveur du programme d’investissement dont il a bénéficié, un « progrès notable » dans l’affectation de la ressource hydrique au profit du secteur agricole, et ce, grâce à la réalisation de 11 stations de dessalement de l’eau de mer, en exploitation, et de pas moins de 80 barrages et plus de 240.000 puits exploités, ce qui permet à l’Algérie de mobiliser, conclut-il, plus de 10 milliards de m3, dont 70% seront consacrés à l’irrigation, soit 7 milliards de m3.
Enfin, pour sa part, le Directeur général des forêts (DGF), Ali Mahmoudi, a insisté sur la nécessité de conférer un caractère économique au Barrage vert et de valoriser ses ressources, permettant de réaliser une valeur ajoutée à l’économie nationale à travers l’exploitation dans le reboisement de plantes aromatiques et médicinales ainsi que d’arbres fruitiers. Mahmoudi a salué, dans son allocution, les efforts consentis par l’Etat, dont les campagnes de reboisement et la réalisation du Barrage vert grâce à la contribution de l’Armée nationale populaire (ANP). Le même responsable a, à la fin, précisé que le PNR avait pour objectif la plantation de 2.740.000 ha dont quelque 880.000 ha ont été réalisés jusqu’en 2018.
El Moudjahid