«L’Algérie assurera, à compter du premier janvier 2020, la présidence des réunions de l’OPEP, succédant au Venezuela», a indiqué, hier à Alger, le ministre de l’Énergie, Mohamed Arkab.
S’exprimant en marge de la rencontre organisée entre la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG) et les opérateurs économiques, il a souligné que l’Algérie joue un rôle efficace dans la consolidation des relations entre les pays membres et non membres de cette institution, connus sous le nom d’OPEP+. «Du fait que nous avons des experts de haut niveau qui occupent des postes supérieurs, notre pays joue donc, également, un rôle important dans les procédures techniques », a-t-il souligné. Le ministre a exprimé dans ce sens sa pleine satisfaction quant au savoir-faire de l’Algérie dans le domaine de l’énergie, indiquant que « son expérience va, sans nul doute, apporter une valeur ajoutée pour l’année 2020 ».
Il a rappelé que durant la précédente réunion qui a été tenue à Vienne, les membres et non membres de l’OPEP ont été à l’unanimité d’accord sur le principe de réduire la production de 1,2 million de barils par jour à 1,7 million de barils par jour. En réponse à une question relative aux parts de réduction pour chaque pays, il a fait savoir qu’«il y a des pays qui ont déjà décidé volontairement de réduire des volumes de production considérables, et cela pour maintenir des prix en baisse sur un marché instable, affecté par le climat d’incertitude de l’économie mondiale ». Il citera à titre d’exemple, l’Arabie Saoudite qui réduira sa production à 167.000 barils par jour et les Émirats arabes unis qui vont réduire la production à 50.000 barils par jour. S’agissant de la part supplémentaire de l’Algérie, il a précisé qu’elle est fixée à 12.000 barils par jour. « Cette part n’aura aucun impact ni sur notre production ni sur nos fidèles clients et nos revenus en devises », a rassuré le ministre.
Éviter l’arbitrage international
Les 24 membres de l’OPEP ont décidé l’année dernière de réduire la production de 1,2 million de barils par jour à partir de janvier 2019 pour pousser les prix à la hausse, après une chute de 40% entre 2014 et 2019.
Prolongées jusqu’à mars 2020, ces réductions n’ont pas réussi à faire grimper le baril à plus de 70 dollars, ce qui explique le scepticisme de certains experts quant aux effets de la stratégie de cette institution. Mettant par ailleurs l’accent sur l’opération de droit de préemption sur les intérêts détenus par Anadarko en Algérie, le ministre a fait savoir qu’elle est purement économique. «Elle s’inscrit dans le cadre d’une convention signée entre la compagnie nationale Sonatrach et ses partenaires », a-t-il ajouté. Il a indiqué qu’«Anadarko a demandé le changement de contrôle sur les parts à l’important gisement de pétrole à Hassi Berkin et cela dans la loi sur les hydrocarbures en cours ». Il a fait savoir à ce propos que son département ministériel, en collaboration avec Sonatrach, «a examiné l’offre proposée par le partenaire Anadarko aux niveaux économique, financier et technique».
Il a ajouté que « Sonatrach va prochainement inviter la compagnie pétrolière américaine Anadarko pour discuter autour d’une table afin d’étudier et d’évaluer ensemble ce dossier ». M. Arkab a estimé que les deux entreprises vont certainement trouver des éléments d’entente pour éviter d’aller à l’arbitrage international. Il a rassuré à cet effet qu’ « il n’y a aucune inquiétude sur Sonatrach dans ce domaine ».
Donner une nouvelle vision aux ENR
De son côté, le président-directeur général (P-dg) du groupe Sonelgaz, Chahar Boulakhras, a mis en avant les réalisations de son groupe et les objectifs fixés pour l’année 2020. Il a estimé que «la satisfaction de la demande et l’amélioration continue de la qualité de service et du service public sont indissociables des plans d’amélioration de l’efficacité de la gestion et des performances ainsi que des actions de modernisation et de progrès que nous inscrivons à l’adresse de nos sociétés dans le cadre de notre mission».
Mettant en exergue les difficultés structurelles de sociétés du groupe, il a insisté sur la nécessité d’examiner les tarifs et les coûts de revient qui permettent, a-t-il dit, «de pérenniser les activités électriques et gazières et garantir les investissements nécessaires pour la qualité de la continuité de service mais aussi pour la pérennité de l’entreprise».
M. Boulakhras a insisté également sur la nécessité d’engager des processus permettant «de maintenir un équilibre difficile à tenir, notamment en matière de charges inhérentes au service public ». Et de poursuivre : « Les ressources financières sont un sujet que nous ne pouvons pas occulter. »
Le P-dg de Sonelgaz n’a pas manqué de souligner que les sociétés de son groupe ont engagé des programmes de développement et de modernisation, notamment en matière de compteurs intelligents et de réseaux intelligents et la révision et la restructuration de l’organisation pour mieux optimiser les coûts.
A une question relative à la relance du projet Dii Desert Energy (Desertec), il a fait savoir que «ce projet a notamment pour objectif d’accompagner les acteurs algériens, à leur tête le groupe Sonelgaz et l’Agence de régulation activant dans ce domaine, et donner une nouvelle vision aux ENR». Il a indiqué qu’ «il est temps de procéder à la création d’un nouveau écosystème qui va donner une dynamique plus importante aux énergies renouvelables ».
Pour sa part, le président de la CREG, Abdelkader Choual, a mis l’accent sur cette rencontre, indiquant qu’elle se veut un très fort moment de concertation et de réflexion avec l’ensemble des opérateurs du secteur de l’électricité et de la distribution du gaz par canalisation, dans l’optique de faire le point sur les contraintes rencontrées ainsi que les modalités d’exécution des missions de service public qui leur sont dévolues.
El Moudjahid