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Valorisation des déchets ménagers à l’ère de Covid19 : Un créneau à bout de souffle

Il a à peine vu le jour que le secteur du recyclage des déchets ménagers et assimilés risque de disparaître. Ce créneau tant attendu pour répondre efficacement à la problématique environnementale est touché de plein fouet par la crise sanitaire mondiale la Covid 19. Les entreprises opérant dans la récupération et le recyclage des déchets valorisables agonisent. 50%des entreprises sont déjà paralysées selon le rapport de l’Agence nationale des déchets ayant évalué l’impact de la Covid 19 sur l’activité de la valorisation des déchets aménagés et assimilés en Algérie.

Le couvre-feu et le confinement ont perturbé sérieusement leurs échanges commerciaux notamment la logistique. Le déclin de l’activité du recyclage influe inévitablement sur le devenir du développement durable en Algérie.

Dans un rapport de l’AND du mois d’avril, cet établissement affilié au ministère de l’Environnement et des Energies renouvelable tire la sonnette d’alarme. 50% des opérateurs exerçant à l’échelle nationale ne sont pas actifs.

Ces opérateurs exerçant essentiellement dans les régions du centre du pays (Alger, Blida, Boumerdès, Sétif, Ouargla, Oran et Constantine), représentent 423 entreprises employant 4859 travailleurs. Ce chiffre concerne à la fois les grandes unités de valorisation, les micro-entreprises ainsi que les nouvelles start-ups.

Ces données portent uniquement sur les opérateurs ayant déclaré leurs activités. Dans les wilayas précitées, le nombre d’opérateurs est très important par rapport aux autres wilayas. La capitale vient en tête de liste avec 69 opérateurs, suivie de Blida et de Sétif avec chacune 26 opérateurs. La wilaya de Boumerdès également est réputée pour l’activité de la récupération et de la valorisation des données avec 25 opérateurs. Constantine et Ouargla comptent respectivement 23 et 21 opérateurs et enfin Oran avec 19 entreprises.

Ce rapport a établi une forte corrélation entre la propagation de la Covid-19 et le gel de l’activité de valorisation des déchets ménagers dans la mesure où se sont les wilayas touchées par ce virus qui représentent un nombre important d’opérateurs inactifs. Le confinement a entravé l’approvisionnement en matière première et ou en matière première recyclée.

La perturbation de l’activité de l’approvisionnement est due à la fermeture des frontières entre wilayas ainsi que le contrôle exercé sur les transporteurs, ce qui a diminué sensiblement la récupération des déchets ménagées et assimilés. Une autre cause, qui n’est pas des moindres, demeure la compression de nombre d’employés à cause du risque d’infection. Cette mesure a réduit les capacités des entreprises en matière de valorisation.

Le devenir du secteur du recyclage des déchets est lié éminemment à la durée de cette crise sanitaire. L’AND a élaboré de différents scénarios en matière de sauvegarde de cette activité, et ce, en fonction des différentes variables constatées sur le terrain.

Dans ce document portant sur l’évaluation de l’impact de la Covid-19 sur le secteur du recyclage des déchets ménagers et assimilés, trois scénarios possibles sont élaborés, et ce, pour une durée de 6 mois, soit à partir du 21 mars coïncidant avec la date du début du confinement.

Ces scénarios sont liés aux nombres d’entreprises qui seront paralysées en raison de l’absence de matière première ou la matière première recyclée. Le scénario A, soit 100% des opérateurs sont inactifs.

A ce niveau du gel de l’activité, les quantités de déchets ménagers et assimilés pourraient atteindre 641 386 tonnes d’ici le 21 octobre. «C’est le scénario le plus pessimiste», écrit-on dans ce rapport. Par contre, le gel de l’activité de recyclage à 90%, soit le scénario B, peut engendrer une la quantité des déchets non-valorisés qui peut atteindre 577 247 tonnes. Actuellement, on est au niveau C, avec 50% des opérateurs inactifs. Si cette situation perdure, d’ici 6 mois, la quantité des déchets non-valorisés pourrait atteindre 320 693 tonnes. Ainsi, le sort de ces entreprises est lié à la durée du confinement.

Quel sera le sort qui sera réservé à ces quantités de déchets qui ne sont pas négligeables ? Ces déchets vont être «soit enfouis dans les CET classe II et décharges contrôlées et/ou stockés au niveau des installations de valorisation des établissements industriels générateurs de déchets», indique-t-on dans ce rapport tout en reconnaissant les difficultés liées à la gestion de ces quantités de déchets. L’auteur de ce rapport appelle à une solution immédiate pour contrecarrer les effets de la crise sanitaire sur le secteur de recyclage et la valorisation des déchets, faute de quoi, ces quantités vont être revues à la hausse.

L’impact de la paralysie de l’activité du recyclage sur le développement durable n’est pas à prouver. L’Algérie commence à peine à déployer ses efforts pour canaliser le flux des déchets, stopper leur rejet dans la nature et donner une seconde vie aux produits recyclés afin de préserver des ressources naturels que la Covid-19 intervient pour paralyser ce créneau. Un créneau porteur à la fois sur le plan économique qu’écologique.

El Watan

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