L’Algérie s’engage résolument dans une transformation énergétique historique, marquée par une volonté stratégique de diversifier son mix énergétique et de renforcer sa place dans la géoéconomie mondiale de l’énergie. Le ministre d’État, ministre des Hydrocarbures et des Mines, M. Mohamed Arkab, a annoncé lors de l’ouverture du Salon international de l’énergie à Oran une feuille de route ambitieuse : un programme d’investissement de 60 milliards de dollars sur la période 2025–2029, destiné à consolider les capacités nationales dans les hydrocarbures, les énergies renouvelables et l’hydrogène vert.
Selon le ministre, près de 80 % de ces investissements seront orientés vers les activités en amont — exploration, développement et production — tandis que le reste sera consacré à la modernisation des capacités de raffinage, aux projets pétrochimiques et aux nouvelles filières énergétiques à haute valeur ajoutée. Cette vision intégrée traduit une approche pragmatique qui vise à préparer la transition vers une économie énergétique durable, sans compromettre les équilibres actuels du marché ni la sécurité énergétique du pays.
L’Algérie, grâce à son potentiel solaire exceptionnel et à ses ressources naturelles abondantes, dispose d’atouts considérables pour devenir un acteur clé dans la production d’hydrogène vert. Le pays bénéficie d’un ensoleillement annuel dépassant les 3 000 heures dans la majorité de ses régions, ce qui le place parmi les territoires les plus favorables au développement des énergies renouvelables dans le monde. L’objectif est clair : faire de l’hydrogène vert un nouveau pilier de souveraineté énergétique et une source de croissance durable à long terme.
Les projets de coopération énergétique avec l’Europe s’inscrivent dans cette même dynamique. L’Algérie, partenaire historique et fournisseur fiable du continent européen en gaz naturel, ambitionne désormais d’étendre cette coopération à l’électricité verte et à l’hydrogène bas-carbone. Plusieurs études sont en cours concernant l’interconnexion électrique entre l’Algérie et le sud de l’Europe, notamment l’Italie et l’Espagne, en vue d’exporter à terme une part de sa production d’énergie propre. Cette perspective s’intègre dans la stratégie européenne de décarbonation et de diversification des sources énergétiques, tout en consolidant le rôle géopolitique de l’Algérie en tant que hub énergétique euro-africain.
Dans un contexte mondial marqué par la recomposition des chaînes de valeur énergétiques et la montée en puissance de la diplomatie du climat, la stratégie algérienne apparaît à la fois réaliste et visionnaire. Elle repose sur une lecture fine des rapports de force géoéconomiques et sur une anticipation lucide des transformations structurelles du marché mondial de l’énergie. L’Algérie, forte de son expérience et de ses infrastructures, entend non seulement préserver son rôle de fournisseur majeur d’énergie, mais également s’imposer comme un exportateur de solutions énergétiques propres et durables.
Cette trajectoire traduit une transition maîtrisée, articulant souveraineté énergétique, compétitivité économique et engagement environnemental. Elle offre une image d’avenir : celle d’une Algérie confiante, proactive et ancrée dans les grands mouvements de la transition énergétique mondiale. Le pari est ambitieux, mais les fondations sont solides. L’Algérie possède les ressources, les compétences et la vision stratégique nécessaires pour réussir son passage du pétrole à l’hydrogène vert — un choix porteur d’espoir et de rayonnement durable.
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