L’Algérie va connaître une nouvelle ère avec le recours à l’hydrogène vert, l’un des vecteurs les plus importants pour réduire les effets du changement climatique.
L’hydrogène vert, une vraie valeur ajoutée pour l’économie nationale, impose de sortir de l’utilisation classique des énergies conventionnelles et de pouvoir transformer cet hydrogène en produit local, d’autant plus que l’Algérie dispose d’un des gisements solaires les plus importants au monde, avec plus de 2.000 heures d’ensoleillement par an et jusqu’à 3.900 heures dans les Hauts-Plateaux et le Sahara.
L’Algérie possède les plus grandes ressources éoliennes terrestres en Afrique
Selon le directeur général de Green Energy Cluster Algeria, Boukhalfa Yaïci, la nouvelle feuille de route annoncée par les pouvoirs publics, qui est un choix stratégique important, s’articule entre autres autour de la formation dans toutes les universités. L’énergie solaire représente le potentiel le plus important en énergies renouvelables dans notre pays, avec une production de 169.000 de térawatts/heure par an (TWh/an). Selon le responsable, le territoire algérien reçoit quotidiennement entre 1.700 kWh/m²/an au Nord et 2.263 kWh/m²/an au Sud, soit une moyenne de plus de 2.200 kWh/m²/an.
D’après une évaluation du Conseil mondial de l’énergie éolienne (GWEC), l’Algérie possède les plus grandes ressources éoliennes terrestres en Afrique en termes de capacité installée totale potentielle et de production. Concernant l’éolien offshore, les données fournies par la Banque mondiale montrent que l’Algérie a un potentiel technique de 18 gigawatts (GW) localisé sur des profondeurs supérieures à 50 mètres, orientant le choix technique vers des éoliennes flottantes.
Sonelgaz à l’avant-garde
«Nous avons besoin d’un réseau électrique puissant au Nord et au Sud pour transporter cette énergie. Si nous voulons aller de l’avant et rattraper le retard, nous devons accélérer la cadence car l’Algérie occupe la deuxième place en Afrique. Bien que moins importante que les capacités en énergie éolienne terrestre, les possibilités d’exploiter l’énergie éolienne en mer sont à explorer dans une démarche alliant dessalement de l’eau de mer et de production d’hydrogène vert», explique l’expert. Selon lui, l’Algérie peut même devenir un hub régional, et sa nouvelle stratégie s’oriente vers l’exportation de l’électricité notamment vers l’Italie, le premier pays qui a été choisi.
Pour Yaïci, le déploiement du programme de 15.000 mégawatts (MW), assuré par Sonelgaz, est très ambitieux puisqu’il affiche des engagements-clés vis-à-vis des accords de Paris dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Le développement de l’énergie renouvelable doit reposer sur le développement du solaire pour produire de l’électricité durant la journée et de l’énergie éolienne durant la nuit.
Passer graduellement des énergies fossiles vers le renouvelable
Le programme de 15.000 MW, relancé au début de 2022, commence à se concrétiser. Les quantités produites augmentent, passant de 440 MW à 1.500, voire 2.000 MW par an. Cette démarche vise surtout à favoriser l’économie du gaz naturel de 6 à 8 milliards m³ par an. L’objectif à l’horizon 2030 sera d’atteindre un taux de 40% de la production d’électricité verte. «Il est primordial de concilier nos objectifs et nos projections avec les besoins du marché international notamment européen», insiste Yaïci.
La demande énergétique a connu une nouvelle augmentation et les chiffres annoncés par l’Union européenne pour le 1er semestre 2024 ont confirmé cette tendance haussière sur l’électricité, et la part des énergies renouvelables devient de plus en plus importante. «Ce changement qui est en train de se mettre en place n’est pas facile puisqu’il y a beaucoup de solutions qui ne sont pas encore disponibles, mais le défi sera relevé en passant graduellement des énergies fossiles vers le renouvelable avec une période transitoire», ajoute-t-il
Economie sur le gaz naturel
N’empêche, des acteurs locaux veulent de plus en plus investir dans ce domaine. «Nous avons des capacités énormes dans la production d’électricité renouvelable à des prix compétitifs. Lorsqu’on compare les coûts de production de l’électricité produite par le gaz naturel avec ceux des énergies renouvelables, nous ne constatons pas de différence. Alors, qu’est-ce qui nous empêche de préserver notre gaz naturel et de nous tourner vers le renouvelable?», s’interroge le responsable.
Comparativement au coût de l’électricité d’origine conventionnelle (12 DA/kWh), l’électricité verte est moins chère. Ainsi le coût de l’électricité produite par une centrale solaire est moins élevé que celui de l’électricité produite par le mazout. «L’orientation vers la production de l’électricité verte est dictée par l’augmentation de la demande au niveau local et mondial», rappelle-t-il. Et d’enchainer : «L’économie sur le gaz naturel permettra à notre pays de connaître une croissance économique plus importante et à réduire les effets du changement climatique».
Créer environ 12.000 emplois
Par ailleurs, Yaïci a fait savoir que la nouvelle démarche au niveau du cluster est orientée vers la création d’une valeur ajoutée en soutenant toutes les initiatives qui visent à développer les énergies renouvelables qui permettront aux entreprises de créer de la richesse et des emplois. Toutes les entreprises nationales qui opèrent dans ce domaine utilisent des produits locaux pour ajouter de la valeur à notre économie.
Le programme de 3.000 MW permettra de créer environ 12.000 emplois dans la construction, l’exploitation et la maintenance. «On doit sortir du schéma classique de production et d’exportation de la matière première, à l’exemple du gaz naturel. Abandonnons petit à petit la rente issue des fossiles et orientons-nous vers de nouvelles exportations hors hydrocarbures dont des dérivés de l’hydrogène vert», a-t-il martelé.
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