La direction des forêts est sommée d’expliquer les raisons pour lesquelles un opérateur a été autorisé à s’en prendre au couvert forestier dépendant, de surcroît, du domaine maritime sur la seule base d’un acte de propriété.
Alerté par la direction du tourisme sur une opération d’abattage d’arbres centenaires, menée par un promoteur dans la forêt de pins qui surplombe la plage Belvédère, le wali d’Annaba a pris la décision d’interrompre immédiatement ce chantier, en exigeant l’ouverture d’une enquête sur cette atteinte flagrante à l’environnement.
Le chef de l’exécutif a, dans le même temps, exigé de la direction des forêts qu’elle explique les raisons pour lesquelles cet opérateur a été autorisé à s’en prendre au couvert forestier dépendant, de surcroît, du domaine maritime sur la seule base d’un acte de propriété.
Ceci alors que la commission nationale du tourisme a refusé catégoriquement d’octroyer à ce promoteur un permis de construire pour ce projet. On a appris auprès des services de la conservation forestière que tous les projets introduits dans le cadre de l’aménagement touristique, au niveau de la zone d’extension touristique du littoral d’Annaba ont été systématiquement rejetés par le ministère de tutelle à l’exception de ceux implantés à plus de 300 m du rivage. Ceci, en se référant à la loi 02/02 de 2002, promulguée dans le cadre de la protection du littoral, laquelle loi stipule la stricte interdiction des constructions dans des zones non urbanisées.
Des sources affirment, à ce propos, que seul l’aménagement d’espaces, d’aires de jeux ou de parkings est toléré dans des terrains situés dans des zones vierges et à moins de 300 m du rivage. Et d’expliquer qu’il est loisible d’autoriser les porteurs de projets à construire dans des zones urbanisées, avec cependant, un respect total des normes fixées par la DUCH.
Ce qui n’est pas le cas pour l’assiette foncière dont se prévaut le promoteur en question, qui est située à l’orée d’un massif forestier et en grande partie sur un versant de la corniche à travers laquelle s’écoulent des eaux pluviales vers la mer. Des images satellites appuyant cette opposition au projet de construction montrent clairement la progression de la déforestation sauvage de cette partie de la Corniche annabie au cours des vingt dernières années, ce qui explique la réaction des autorités locales.
“Le massif forestier de Belvédère s’étendait sur plusieurs hectares dans les années 1990 et faisait le bonheur des familles et des amoureux de la nature. Permettre d’autres atteintes du genre à cet écosystème c’est participer au crime que la maffia du foncier y commet”, s’indigne un responsable de la conservation des forêts.
Du côté de la direction du tourisme locale, on précise que la ZET du littoral annabi, qui s’étend de la Caroube jusqu’au Cap de Garde, est régie par le décret 88.232 du 5/11/88 et la loi 03/03 du 17 février 2003, notamment par l’article 21 qui stipule que “l’Agence nationale de développement touristique à le droit de préemption quel que soit la nature du terrain à l’intérieur de la ZET. Les propriétaires des terrains situés à l’intérieur de la ZET doivent forcément, ainsi, s’intégrer au plan d’aménagement”, souligne-t-on.