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Le gouvernement face au stress hydrique : La région restera, selon un nouveau rapport, affectée par le manque de précipitations

Face au à la rareté de la pluviométrie, l’Algérie est désormais confrontée à un réel stress hydrique. Un impact direct d’un bouleversement climatique qui nécessitait pourtant des politiques à long terme, selon des experts.

Le rapport portant d’ailleurs le changement climatique et environnemental dans le bassin méditerranéen et les risques pour le futur vient d’être rendu public par le réseau indépendant d’experts méditerranéens sur le changement climatique et environnemental (MedECC). Détails.

La couleur est annoncée, même si le plan global n’est pas rendu public. Le gouvernement dévoilera ces jours-ci sa «feuille de route» et ses mesures d’urgence décidées pour faire face au stress hydrique dû à la rareté de la pluviométrie. Les détails de la réunion des ministres des Ressources en eau, de l’Agriculture, de l’Intérieur et des walis ,sous la présidence du Premier ministre, tenue mardi, ne sont toujours pas rendus publics.

On «rationalisera» de plus en plus de l’eau. Plus de restrictions ? Selon le directeur de l’alimentation en eau potable au ministère des Ressources en eau, Moustiri Abdelhak, il est question de compenser certains barrages situés dans les «régions critiques» par d’autres barrages situés ailleurs où par de nouveaux forages.

La politique de réalisation des forages se poursuivra, assure le même responsable mais avec un rythme plus dense. Un scénario pessimiste avec des solutions adéquates a été mis en place, sans qu’il soit encore dévoilé, pour faire face à la baisse sensible de niveau de l’eau de certains barrages, si la pluviométrie fait encore défaut.

L’Agence nationale des barrages (ANBT), habituellement habilitée à communiquer les détails de taux de remplissage, nous a orientés, cette fois-ci, vers le ministère. Pas de détails ! Le bilan est généralement établi en fin de saison. Un programme de compensation des barrages a été, par contre, arrêté. Autrement dit, il est question de diminuer le prélèvement dans les barrages dits critiques, et de compenser par un autre, plus au moins rempli. Tout sera fait d’une manière, toujours selon Moustiri Abdelhak, à «ne pas pénaliser le consommateur». «Le service public sera toujours assuré», promet- il.

Causes

Mais, un message à passer : «Ce consommateur est appelé à être plus conscient de la situation pour changer ses comportements de consommation.» Une nouvelle situation inquiétante se pointe, même si Météo Algérie annonce quelques averses de pluie ce week-end et pour la semaine prochaine. Elle ne fera certainement pas de miracle, surtout que le problème est directement lié au bouleversement climatique qui ne promet pas des jours meilleurs. «La région méditerranéenne est la plus touchée.» Le premier rapport d’évaluation méditerranéen (MAR1), préparé par le réseau indépendant d’experts méditerranéens sur le changement climatique et environnemental (MedECC), vient d’être rendu public.

Il dévoile «qu’à l’avenir, la région de la Méditerranée devrait rester parmi les plus affectées par le changement climatique, en particulier en ce qui concerne les précipitations et le cycle hydrique» Samia Cherif, l’un des chercheurs ayant participé à l’élaboration de ce rapport, experte en climat à l’Union pour la Méditerranée, professeur à l’Institut supérieur des sciences biologiques appliquées de Tunis, donne un autre détail : «A travers plusieurs études en Algérie, Maroc et Tunisie, il s’avère que cette tendance à la baisse ne fait pas l’unanimité. Certaines études disent que la pluviométrie annuelle augmente, d’autres qu’elle diminue. Je pense que ça dépend de l’endroit où l’étude a été faite, tout simplement.»

Elle affirme qu’actuellement on ne voit pas de tendance au manque de pluviométrie généralisé en Algérie. Ce qu’on note, cependant, argumente-t-elle, encore, «c’est que les périodes de sécheresse ont augmenté, que la violence des orages et la concentration des pluies en des périodes très courtes et de forte intensité, ont augmenté».

C’est-à-dire, la conséquence de ces facteurs, fait que la pluie tombant en grandes quantités et durant des périodes très courtes. Et cette pluie, selon la même spécialiste, a du mal à recharger les cours d’eau, car les barrages ne sont pas prévus pour ces grandes quantités soudaines. Il y aura à cet effet le lâchage vers la mer.

Et puis, les nappes souterraines n’ont pas le temps de se recharger, car la pluie, violente et soudaine, va ruisseler à la surface des sols, provoquer des érosions et ainsi provoquer plutôt des érosions que des recharges de nappes, explique Samia Cherif.

Et la situation se complique quand on sait que sur la quantité de 111 milliards de mètres cubes de pluie qui tombe en Algérie, seul 1,6 milliard de mètres cubes est récupéré, selon Brahim Mouhouche, enseignant- chercheur à l’Ecole supérieure d’agronomie d’Alger, qui intervenait lundi sur les ondes de la Radio nationale. Parmi les défaillances qui ont fait qu’aujourd’hui nous nous retrouvons face à cette situation de crise est «de ne pas avoir de bonnes techniques de collecte des eaux pluviales», dénonce-t-il.

Il faut aussi, selon le même chercheur adopter une agriculture «intelligente» et «scientifique». Elle est sans gaspillage mais aussi bénéfique pour e sol. Il faut aussi, selon Brahim Mouhouche, réfléchir sur l’urgence de mettre en place des mécanismes d’une meilleure récupération des eaux, surtout que l’Algérie est l’un des pays au monde les plus touchés par le stress hydrique, selon Samia Cherif. Pire : «Ceci sera aggravé par le changement climatique, car le régime pluviométrique étant ce qu’il est en train de devenir, il faut y ajouter une augmentation de plusieurs degrés, de la température.

Ceci entraîne encore plus d’évapotranspiration (évaporation du sol, transpiration des plantes et interception des précipitations) mais également de consommation en eau (pour l’agriculture et autres besoins).» D’ailleurs, s’agissant toujours de l’agriculture, le rapport de MedECC note que «les systèmes de culture moins adaptables souffriront probablement de conditions climatiques modifiées, mais les cultures les plus résilientes, comme l’olivier et la vigne, peuvent avoir le potentiel de résister à cette tendance en raison de leur grande adaptabilité pour faire face aux températures élevées et à la pénurie d’eau».

El Watan 

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