Un projet de décret Exécutif portant création du commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique a été adopté lors du dernier conseil du gouvernement qui s’est tenu, mercredi dernier. « La mise en place d’un tel organe est salutaire, car il réunit tous les éléments qui doivent concourir à propulser le pays vers un avenir serein quant à sa sécurité énergétique grâce aux ressources renouvelables et en léguant également un environnement propre aux générations futures », explique le professeur Noureddine Yassaa, directeur du centre de développement de développement des énergies renouvelables (CDER).
Contacté, il a estimé que « cet organe réglera le problème d’absence de coordination intersectorielle et permettra une mise en œuvre harmonieuse du programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en mobilisant tous les compétences et moyens dans tous les secteurs ». Selon lui, « le Commissariat destiné à jouer le rôle de chef d’orchestre aura pour principales missions de mettre en place une stratégie nationale dans le domaine en coordination avec les secteurs concernés, de contribuer à l’établissement de plans sectoriels et territoriaux et d’évaluer leur exécution ». « Il doit aussi s’atteler en priorité à l’élaboration d’une stratégie globale relative à la transition énergétique et proposer les textes de loi permettant de la soutenir », renchérit t-il. Il est attendu surtout de cet organe l’ accélération de la cadence de réalisation afin de rattraper le retard et d’atteindre, à moyen terme, l’objectif du mix énergétique élevé au rang d’un impératif pour les pouvoirs publics.
« Si on fait une simple comparaison entre les capacités installées pour la production d’électricité à partir du gaz et celles à base de ressources renouvelables la première a pratiquement doublé (elle passe de près de 11000 MW en 2011 à près de 20 000 MW en 2019). « La priorité a été accordée au développement de la production de l’électricité à partir du gaz naturel, au détriment d’un mix incluant près de 20 % de renouvelables selon la capacité de 4500 MW annoncée dans le programme lui-même à l’horizon 2020 », relève le directeur du CDER . Ce dernier fait savoir que les capacités installées en énergies renouvelables sont évaluées actuellement à environ 390 MW. Elles sont réparties en 25 MW en solaire thermique (centrale hybride de Hassi R’mel, réalisée en 2011), 23 centrales solaires photovoltaïques de 343 MW réalisées entre 2014 et 2017 dans le sud et les hauts plateaux, une centrale pilote multi-technologies de 1,1 MW en 2014 à Ghardaïa, une ferme éolienne de 10,2 MW installée à Adrar en 2014 et enfin une centrale solaire photovoltaïque de 10 MW mise en service en 2018 à BRN, Ouargla par Sonatrach.
Le programme national, révisé en 2015, a inscrit comme objectif d’atteindre une capacité installée de 4500 MW en 2020 et de 22 000 MW en 2030. Toutefois, le taux de réalisation est encore faible (1.8 %,) par rapport à la capacité totale à déployer à l’horizon 2030 . Pour rappel, un appel d’offres national avait été lancé en novembre 2018 pour la réalisation, dans quatre wilayas, de plusieurs centrales électriques solaires photovoltaïques, dont la capacité totale de production est de 150 MW. Seules huit entreprises ont soumissionné.
Pour le CDER, l’idéal est d’encourager les petites entreprises à investir dans le domaine en vue de tirer vers le haut le taux d’intégration qui demeure modeste.