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Abdelmadjid Attar: « quand le prix des hydrocarbures monte, on investit dans les énergies renouvelables, quand il baisse c’est le contraire. »

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, l’ancien P-DG de Sonatrach revient sur les causes d’une crise pétrolière inédite.

La situation que vit le secteur des hydrocarbures finit par convaincre les plus sceptiques quant à la nécessité de changer de modèle énergétique, mais avec des prix aussi bas,
n’y a-t-il pas un risque de désinvestissement dans les énergies renouvelables?

La nécessité de changer de modèle de consommation énergétique, ou si l’on veut la mise en oeuvre d’une transition énergétique n’est pas nouvelle tout au contraire. Beaucoup de pays se sont fixés cet objectif, il y a déjà au moins deux décennies. Les raisons ou les motifs, et par conséquent les stratégies adoptées sont différentes d’un pays à un autre et ont évolué dans le temps, parfois très rapidement en fonction des conditions suivantes.
Possession ou capacité de contrôle (direct ou indirect) des ressources énergétiques renouvelables ou non renouvelables, dont on a besoin pour sa consommation intérieure et son économie.
l possession des moyens financiers pour acquérir les ressources énergétiques dont on a besoin, ou alors mobiliser les investissements nécessaires pour produire à un coût raisonnable l’énergie dont on a besoin à partir des capacités technologiques et des sources d’énergie dont on dispose (renouvelables bien sûr). Le progrès technologique qui a non seulement permis en matière d’usage, de réduire la consommation d’énergie, mais aussi d’introduire et de rendre compétitives de nouvelles sources d’énergie propres et renouvelables. la double prise de conscience des pays et des populations, non seulement au sujet de l’épuisement à terme des ressources énergétiques non renouvelables, mais aussi au sujet des dégâts environnementaux et climatiques dus en partie à la consommation excessive de ces ressources (hydrocarbures et charbon).
La combinaison de ces quatre conditions a parfaitement bien fonctionné pour la plupart des pays gros consommateurs d’énergie soucieux de leur indépendance énergétique, mais très peu ou pas du tout pour les pays producteurs dont l’économie est liée à la rente pétrolière.
Globalement il y a eu aussi une certaine compétition entre hydrocarbures et énergies renouvelables pour des raisons très simples: quand le prix des hydrocarbures monte, on investit dans les énergies renouvelables, quand il baisse c’est le contraire.
C’est ce qui risque d’arriver encore en principe, du moins tout au long de la période qui va précéder le redémarrage économique, parce qu’il ne faut pas oublier qu’il va falloir prioriser les ressources financières disponibles vers les secteurs d’urgence que sont la santé, l’alimentation, l’eau et l’emploi.
Mais cela devrait aussi donner à réfléchir sur la nécessité de saisir l’opportunité de la crise actuelle et ses impacts futurs, notamment le risque de la dépendance de la rente pétrolière, pour établir des stratégies, et engager des actions à moyen terme, pour faire en sorte que la transition énergétique soit aussi synonyme de développement économique, de création d’emplois et non une simple fourniture d’énergie à consommer sans production de plus-value.
Personnellement j’ai fini par constater que finalement en Algérie, aussi bien l’Etat à travers ses différentes institutions, ses programmes et ses déclarations politiques, que les acteurs du secteur énergétique, ont toujours considéré que la transition énergétique ou plus précisément le développement des énergies renouvelables, a pour objectif essentiel la mise à disposition du consommateur d’une énergie. Celle produite à partir des hydrocarbures étant déjà disponible, abondante, et après tout moins coûteuse (parce qu’elle est largement subventionnée), a fait en sorte que cette transition n’a jamais réellement démarré. Il faut par conséquent changer de concept ou de stratégie et considérer cette transition en tant que nouveau secteur d’activité industrielle et économique, pouvant parfaitement contribuer à créer déjà de la richesse et de l’emploi avant même l’énergie qui vient avec, et sans tenir compte des autres ressources énergétiques.

L’Expression

 

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