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La consommation nationale totale d’énergie a connu une hausse de +7,7% pour s’établir à 65,0 M tep en 2018.

La consommation interne d’énergie continue de grimper, totalisant une progression d’environ 8% par an, ce qui met à mal les efforts de production nationale de gaz, notamment, et peut entraver sur le moyen terme les engagements de l’Algérie vis-à-vis de ses clients, au cas où le programme tant annoncé de transition énergétique n’est pas mis rapidement sur les rails. Tous les experts pétroliers tirent la sonnette d’alarme sur la question depuis plusieurs années.

Abdelmadjid Attar, ancien PDG de Sonatrach, estime par exemple que la production nationale d’hydrocarbures est en déclin, alors que la consommation interne ne cesse d’augmenter, ce qui nécessite une nouvelle stratégie énergétique.

L’expert, qui s’exprimait lundi, lors des matinales du Cercle de réflexion sur l’entreprise (CARE), a souligné que «la nouvelle politique énergétique, qui sera mise en pratique, ne doit pas être exclusivement centrée sur la loi sur les hydrocarbures et donc basée sur la manière d’attirer plus de partenaires étrangers, mais plutôt sur une politique énergétique globale axée sur plusieurs volets».

M. Attar préconise ainsi «l’urgence d’une nouvelle politique énergétique dans tous ses volets – loi, modèle de consommation énergétique, subventions, économie d’énergie, etc. – pour assurer rapidement une nouvelle gestion et un nouvel arbitrage entre les usages et la valorisation de la production d’hydrocarbures».

Il souligne par ailleurs qu’il faut «repenser le programme dédié aux énergies renouvelables (ENR) en qualité de Programme de transition énergétique, en le considérant comme un véritable programme de développement économique, pouvant booster la création de richesse et d’emplois durables et non de production d’énergie à consommer seulement».

Pour M. Attar, la mise en place d’un nouveau modèle énergétique est d’autant plus urgente que «la baisse de production d’hydrocarbures est inévitable à moyen et long termes». Selon l’expert, «la majorité des gisements producteurs sont en phase de déclin naturel depuis plusieurs années».

Toute éventuelle augmentation de production ne pourra correspondre, selon lui, qu’à «une légère compensation de la consommation intérieure à cause de sa forte croissance, ce qui va entraîner une baisse automatique de la rente, et une situation aggravée par le marché pétrolier, dont il ne faut pas espérer un redressement non plus à court ou moyen terme pour des raisons propres aux mutations des modèles de consommation à l’échelle mondiale et plus précisément au niveau des pays les plus gros consommateurs (OCDE)».

Il est à savoir, selon le bilan énergétique national 2018, que la consommation nationale totale d’énergie a connu une hausse importante (+7,7%) pour s’établir à 65,0 M tep en 2018. Elle représente plus d’un tiers (39,3%) de la production totale. Par ailleurs, la consommation finale d’énergie est marquée par une forte augmentation (+7,8%) à 48,1 M tep, tirée essentiellement par le gaz naturel (+17%), les GPL (11%) et l’électricité (5%).

20 milliards de mètres cubes de gaz/an pour la production d’électricité

Des chiffres alarmants confirmés hier par le ministre de l’Energie, qui a souligné que «plus de 20 milliards de mètres cubes de gaz sont destinés annuellement à la production de l’électricité».

Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, en visite dans la wilaya de Chlef, a noté, selon l’APS, que ce volume de 20 milliards de mètres cubes de gaz est «énorme», relevant la nécessité de s’orienter vers les énergies renouvelables pour produire de l’électricité afin d’économiser ce combustible fossile.

Dans ce contexte, il a rappelé le projet visant la production à moyen terme de 5600 MW à partir d’énergies renouvelables, telle que l’énergie solaire et éolienne. «L’Etat mobilisera tous les moyens afin d’exploiter d’autres ressources pour générer cette énergie vitale», a-t-il ajouté.

Lors du sixième symposium de l’Association algérienne de l’industrie du gaz (AIG), organisé au mois de juin à Oran, sous le thème «Le gaz naturel au centre de la diversification énergétique», le ministre avait indiqué que la production d’électricité en Algérie provient majoritairement du gaz naturel à un taux de 99%, ajoutant que «la prédominance du gaz naturel dans le mix énergétique algérien est due au fait que le pays est un producteur majeur du combustible».

Expliquant cette situation, le ministre a rappelé que «la politique énergétique a toujours consisté à satisfaire, en premier, la demande domestique».

Mohamed Arkab a, cependant, souligné qu’«il faut penser à notre futur énergétique et à diversifier son usage», mettant l’accent sur la diversification des ressources énergétiques qui est devenue, selon lui, «un axe stratégique» de la politique énergétique nationale impliquant d’assurer un équilibre entre impératifs du développement économique et social avec les considérations environnementales, «tout en veillant à la gestion rationnelle et durable de nos ressources énergétiques».

Il est à savoir que la consommation de gaz naturel sur le marché intérieur devrait passer à environ 48 milliards de mètres cubes en 2025, selon le PDG de Sonelgaz, Chahar Boulakhras, qui s’exprimait lors de la tenue de l’AIG à Oran.

Il a révélé «un taux de croissance annuelle moyen de 4,5% sur la même période», ce qui implique, selon lui, «la réalisation de 13 000 kilomètres de réseaux de transport et plus de 100 000 km de réseaux de distribution». Pour le PDG de Sonelgaz, «si toutes les mesures mises en œuvre par le passé ont permis de faire du gaz naturel un moyen de développement économique et social, celles prévues devront généraliser cette énergie noble».

«Avec un taux de pénétration de 60%, cette formidable croissance du gaz naturel ne devra pas faire occulter la problématique de sa disponibilité, étant une énergie précieuse et non renouvelable, nous devons dès lors penser à sa consommation avec la plus grande efficience et investir inéluctablement dans les énergies renouvelables», a encore ajouté le PDG de Sonelgaz.

El Watan

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